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TEXTES SANSCRITS DÉCOUVERTS AU JAPON

feuille d’arbre. Suvannapatta, une feuille dorée pour écrire, indique encore que le matériel primitif de l’écriture avait été des feuilles d’arbres, très vraisemblablement de palmier[1]. Potthaka, c’est-à-dire pustaka, livre, se présente également dans les Gâtakas palis.

Ces manuscrits écrits sur feuilles de palmier, s’ils ont été conservés avec soin, s’ils ont été l’objet d’un culte, ainsi qu’il semble que cela eut lieu en Chine, doivent avoir pu durer jusqu’à ce jour, et si on les retrouvait, ils auraient assurément une immense valeur pour ceux qui étudient le buddhisme, que ces livres soient des originaux ou des copies récentes.

Il est sans doute vrai que, comme toutes les autres religions, le buddhisme a eu en Chine ses temps de difficulté et de persécution. Nous savons que pendant ces périodes, comme par exemple en 845 sous le règne de l’empereur Wu-Tsung, des monastères furent détruits, les images brisées et les livres brûlés. Mais cependant ces persécutions ne paraissent jamais avoir dure longtemps et quand elles furent terminées, monastères, temples et pagodes surgirent bientôt de nouveau, les images furent restaurées, les livres rassemblés en plus grande abondance que jamais. Le docteur Edkins nous dit que, dans une description du monastère de Ko-tsing dans l’histoire de Tiantaï-shan, on rapporte qu’un seul ouvrage fut sauvé du feu il y a plusieurs siècles, lequel était écrit sur le pei-to (pe-ta) ou feuille de palmier de l’Inde. Il constate aussi que de grandes pagodes furent construites pour servir de dépôts sûrs pour les manuscrits sanscrits ; à la requête de Hiouen-Thsang, une de ces pagodes fut élevée par l’empereur pour préserver les nouveaux livres sanscrits qui arrivaient, dans la crainte qu’ils ne fussent détériorés par manque de soins. Elle avait 180 pieds de haut, cinq étages avec des grains de sha-li (reliques) au contre de chacun, et contenait des monuments sur lesquels étaient gravées les préfaces écrites par l’empereur ou le prince royal pour les traductions de Hiouen-Thsang.

Convaincu moi-même de l’existence en Chine d’anciens manuscrits indiens, je n’ai jamais négligé, pendant ces vingt-cinq dernières années, de prier ceux de mes amis qui se rendaient en Chine de chercher ces trésors ; mais sans résultats !

  1. Fausböll, Dasarathajataka, p. 25.