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ANNALES DU MUSEE GUIMET

Sûtra et une vie légendaire de Buddha que M. Stanislas Julien supposait être le Lalita Vistara. Leurs traductions nous permettent d’assigner à ces livres sanscrits une date antérieure au commencement de notre ère[1].

En 150 avant Jésus-Christ, vivait un traducteur célèbre, An-Tsing, né en Perse orientale ou Parthie, dont les traductions existent encore aujourd’hui[2]. M. Wylie pense qu’An-Tsing représente un nom original d’Arsak, et comme on raconte que c’était un prince royal qui se fit moine mendiant et voyagea dans la Chine, M. Wylie suppose qu’il était le fils de l’un des rois arsacides de la Perse. M. Beal voit dans ce nom une corruption d’Asvaka ou Assaka, Ἱππασίοι.

Vers l’an 170 avant Jésus-Christ on cite Chi-Tsi ou Chi-Tchan comme traducteur du Nirvâna-Sûtra.

En 260, Dharma-Raksha, en chinois Fâ-Hu, réunit un grand nombre de livres buddhiques, et on dit qu’avec l’assistance de quelques autres Shamans, il ne traduisit pas moins de cent soixante-cinq textes entre les années 265 à 308. Parmi ces textes se trouvent une traduction du Lalita Vistara (Pu-yao-king) qui existe encore, une traduction corrigée du Nirvâna-Sûtra, le Saddharma pundarîka, et le Suvarnaprabhâsa-Sûtra.

En 300, il est fait mention d’une traduction du Vimala-kîrti-Sûtra (?) et du Saddharma-pundarîka (Fa-hwa), par Chih-Kung-Ming.

Nous arrivons au temps de l’empereur Yao-Hsing (397-415), qui, poussé par sa dévotion au buddhisme, s’assura les services du savant traducteur Kumaragîva et envoya Fa-Hian dans l’Inde pour chercher des manuscrits. Un autre Shaman voyageait dans l’Inde presque au même temps que Fa-Hian ; c’était Chi-Mang (419). Il traduisit le Nirvâna-Sûtra et le livre Sanghika de la discipline (Sang-ki-liuh, i. e. le Vinaya de l’école des mahâsanghikas), d’après des manuscrits qu’il avait obtenus à tâliputra (Patna). Il était le contemporain de Dharma-Raksha, que j’appelle le second, pour le distinguer de Dharma-Raksha Ier qui vivait au troisième siècle. M. Beal a confondu les deux Dharma-Raksha et en conséquence a placé Chi-Mang au troisième siècle.

  1. Malheureusement cette première traduction d’une vie de Buddha paraît être perdue. Elle nous eût révélé ce qu’était la vie du Buddha dans le premier siècle de l’ère chrétienne.
  2. Voir Journal of R. As. Soc., 1856, pp. 327-332.