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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

les renseignements cherchés. Ainsi les mots Ri-rab, Ma-drospa, reviennent fréquemment dans l’analyse ; nous les donnons dans notre liste, mais en renvoyant pour Ri-rab à Meru, pour Ma-dros-pa à Anavatapta ; et c’est sous les mots Anavatapta et Meru qu’on trouvera ce que Csoma nous apprend sur Madros-pa et Ri-rab.

Dans quel ordre faut-il ranger ces mots étrangers, et d’abord les mots tibétains, qui sont les plus bizarres ? Csoma a imaginé de distinguer par l’impression certaines lettres initiales qu’on ne fait pas sentir dans la prononciation ; et nous avons suivi son exemple, malgré les difficultés typographiques qui eu résultent. Ce n’est pourtant pas que l’avantage de ce système soit en réalité aussi grand qu’on pourrait le croire ; car on n’en est pas beaucoup plus éclairé sur la prononciation. En lisant dans Csoma le mot tibétain bkra, on croit qu’il suffit de prononcer kra. Nullement : le mot s’articule ta, et l’on ne peut véritablement en figurer la prononciation qu’en changeant toutes les consonnes. Cependant il est certain que le b ne se prononce pas, et d’ailleurs il y a, par des raisons grammaticales que nous n’avons pas à expliquer ici, un avantage réel à imiter le procédé de Csoma. La conclusion à tirer naturellement de là, c’est que les lettres initiales imprimées différemment ne devraient pas compter, et que le mot bkra devrait se trouver non au B, mais au K. Les dictionnaires tibétains sont faits selon ce système : mais Csoma, en faisant le sien, ne s’y est pas conformé et il y a rangé les mots dans l’ordre où les mettrait un auteur qui ignorerait la valeur des lettres initiales muettes. C’est aussi l’ordre que nous avons adopté, non pas à cause du dictionnaire de Csoma, mais parce que notre table des noms propres doit pouvoir être et sera consultée par des lecteurs étrangers au tibétain, qui, pour trouver un nom, le chercheront naturellement à la lettre par laquelle il commence.

Pour les noms sanscrits, il n’existe pas de difficulté de ce genre ; le sanscrit ignore les lettres muettes initiales, et la proportion des noms sanscrits de notre liste dépasse de beaucoup celles des noms tibétains. Tous ces mots, sanscrits et tibétains, se présentent, dans cette liste, selon l’ordre des lettres de notre alphabet, et non de l’alphabet sanscrit ou tibétain, entièrement différent du nôtre. Si notre travail était destiné aux savants exclusivement, nous serions bien obligé de suivre l’ordre des alphabets indigènes ; mais, comme nous voulons que les personnes les plus étrangères aux études indiennes puis-