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TEXTES SANSCRITS DÉCOUVERTS AU JAPON

importations littéraires ont commencé dès le premier siècle après Jésus-Christ ; en effet nous lisons dans les relations de la première expédition des commissaires envoyés dans l’Inde par Ming-Ti, empereur de la Chine, second monarque de la dynastie orientale de Han, vers l’an 62, que ces envoyés revinrent en Chine avec un cheval blanc chargé de livres et d’images[1]. Il est constaté dans la suite du récit que « ces livres existent encore et sont l’objet du respect et de l’adoration. »

À partir de l’époque où le buddhisme fut officiellement reconnu en Chine[2], nous trouvons une succession presque ininterrompue d’importateurs et de traducteurs de textes buddhiques, et même quelquefois aussi brahmaniques, jusqu’aux deux fameuses expéditions entreprises, l’une par Fa-Hian (400-415 av. J.-C.), l’autre par Hiouen-Thsang (629-645). Les voyages de Fa-Hian ont été traduits en français par Abel Rémusat (1836), en anglais par Beal (1869) ; ceux de Hiouen-Thsang ont été vulgarisés par l’admirable traduction de Stanislas Julien. On raconte que Hiouen-Thsang rapporta de l’Inde plus de cinq cent vingt fascicules, ou six cent cinquante-sept ouvrages différents, qui faisaient la charge de trente-deux chevaux[3].

Les premiers traducteurs qui nous soient connus sont ceux qui ont écrit sous le règne de l’empereur Ming-Ti (62 av. J.-C.), c’est-à-dire Kâsyapa Mâtanga (appelé quelquefois Kâsyamatânga) ; et Tsu-fah-lan (Gobha­rana ?)[4] ; ils avaient rapporté quelques livres buddhiques de grande importance. Le plus connu de leurs livres est le « Sûtra en quarante-deux articles », sorte d’épitomé de la religion buddhique. Il est très douteux que ce livre ait jamais existé soit en sanscrit, soit en pâli, et beaucoup de difficultés seraient aplanies si nous admettions, avec M. Feer, que ce susdit Sûtra en quarante-deux articles était bien l’œuvre de Kâsyapa Mâtanga et de Gobharana[5], qui jugeaient cet épitomé des doctrines buddhiques, tiré de textes originaux, utile pour leurs nouveaux convertis chinois. Ils ont pourtant traduit le Dasabhûmi-Sûtra

  1. Beal, Travels of Buddhist Pilgrims. Introduction, p. 21 ; Chinese Repository, vol. X, no 3, mars 1841.
  2. Voir un récit de l’Introduction du buddhisme en Chine, dans le Journal asiatique, août 1850, p. 105. Recherches sur l’origine des ordres religieux dans l’empire chinois, par Bazin.
  3. Stan. Julien, Pèlerins bouddhistes. Vol. X, p. 296.
  4. L. Feer, le Sutra en quarante-deux articles, p. 27.
  5. Le Dhammapada, par F. Hû, suivi du Sutra en quarante-deux articles, par Léon Feer, 1878, p. 24.