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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

les trois volumes du Hiouen-Thsang de Julien conservent un intérêt toujours nouveau et fournissent d’inépuisables sujets de discussion, ainsi qu’on peut le voir même dans le dernier numéro du journal de votre Société.

J’eus l’honneur et le plaisir de collaborer avec Stanislas Julien alors qu’il compilait ces volumineuses listes de mots sanscrits et chinois qui ont servi de base à sa traduction de Hiouen-Thsang et lui ont permis de résoudre, dans son ouvrage classique Méthode pour déchiffrer et transcrire les noms sanscrits, une énigme qui avait longtemps embarrassé les savants orientalistes, c’est-à-dire de trouver pourquoi les noms sanscrits ont été si complètement dénaturés et rendus presque méconnaissables dans les traductions chinoises des textes sanscrits, et comment on peut les ramener à leur forme première.

J’avais aussi l’honneur et le plaisir de travailler avec votre regretté président, le professeur H.-H. Wilson, lorsque après avoir lu les ouvrages de Julien, il conçut l’idée qu’on pourrait encore trouver dans les monastères de la Chine quelques-uns des textes sanscrits originaux dont on avait retrouvé les traductions chinoises. L’importance que lui donnait sa position de président de votre Société et ses relations personnelles avec sir John Bowring, alors résident anglais en Chine, lui permirent de mettre en mouvement une organisation puissante pour atteindre son but ; et si vous vous reportez à quelque vingt-cinq ans d’ici, vous retrouverez dans votre journal une exposition complète de la correspondance qui fut engagée entre le professeur Wilson, sir John Bowring et le docteur Edkins au sujet de la recherche des manuscrits sanscrits dans les temples et les monastères de la Chine.

Le 15 février 1854 le professeur Wilson écrit d’Oxford à sir John Bowring :

« Je vous envoie ci-joint une liste des livres sanscrits apportés en Chine par Hiouen-Thsang dans le milieu du septième siècle et dont une grande partie ont été traduits en chinois par lui-même ou sous sa surveillance. Si quelques-uns de ces livres et principalement les originaux existent encore, vous rendriez grand service à la littérature sanscrite et à l’histoire du buddhisme en nous en procurant les exemplaires. »

C’est un fait bien connu que bien longtemps avant l’époque de Hiouen-Thsang, c’est-à-dire longtemps avant le septième siècle de notre ère, un grand nombre de manuscrits sanscrits avaient été importés en Chine. Ces