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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

M. Sénart (Mahâvastu, p. 195, l. 7 et suiv.) croit que le traducteur tibétain s’est trompé en prenant le sens de bâiller (qu’a bien la racine djrĭbh ou djrambh précédée de vi) au lieu de s’étendre, déployer son corps, que donnent aussi les dictionnaires. Je ne suis pas persuadé de la justesse de cette correction, en trouvant, dans le grand Dictionnaire de Böhtlingk, les exemples suivants de l’emploi du verbe sanskrit : Sim̃hî vijrĭmbantî, la lionne qui baille ; Yathâ vidjrĭmbhatê sim̃has, comme le lion bâille, etc.

M. Rajendra Lûla Mitra traduit : Mâyâdêvi stood here yawning, c’est-à-dire Mâyâ-dêvî était debout, bâillant.

Le bâillement de la mère du Bouddha signifie-t-il ici qu’il ne fallait pas la regarder en ce moment, comme, dans Manou, IV, 43, il est prescrit au mari de ne pas regarder sa femme quand elle bâille ? Il faut croire, cependant, que le bâillement n’avait rien de déplaisant pour les Indous, car dans le Râmâyana, livre 1, sarga 16, sloka 7, Svayambhoû (Brahmâ) raconte ainsi la naissance de Djâmbavat, le chef des ours : « Autrefois par moi a été créé Djâmbavat qui naquit de ma bouche alors que je bâillais. » Ait. Br. VI, 35. Râm. V, 3, 4.

Si le Lalitavistara était un livre musulman, il faudrait effacer le mot bâillement, car les disciples de Mahomet croient qu’il est produit par Satan lui-même. Defrémery : Sur quelques opinions singulières des musulmans.

P. 78, l. 4, en remontant. Le nombre sept est aussi celui des pas que fait la jeune fille qui se marie suivant le rite brahmanique. Le fiancé fait faire sept pas à la fiancée autour du feu sacré ; au septième pas elle est irrévocablement mariée. Manou, VIII, 227. On trouve aussi dans le même livre : sept Manous, sept sages, sept espèces d’esclaves, sept éléments de la royauté, etc.

Dans le Rig Vêda, les énumérations par sept sont encore plus nombreuses. Voici les plus remarquables : Sept enfants de Manou, sept sages, sept rayons et sept coursiers du soleil, etc.

V. la Table analytique du Rig Véda ; traduction de A. Langlois, 2e édit.

Les Brahmanes comptent sept cieux (Vishṇu Purâna, trad. de Wilson, I, ch. VI, à la fin), et c’est aussi le nombre des cieux des Bouddhistes, mais ces derniers ont divisé les leurs en trente et un étages, comme on peut le voir, pp. 136-137, t. 1.