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LALITA VISTARA. — CHAPITRE I.

traité sur les Dix terres, intitulé Daçabhoûmîçvara qui, de même que le Lalita vistara, est un des neuf dharmas ou livres par excellence de la grande collection du Népâl. Le Daçabhoûmîçvara doit être d’une grande antiquité, car il fut apporté en Chine à une époque très reculée et traduit en chinois sous le titre de Shi-Shu-King, par Koumâradjîva (The Sanskrit Liter. of Nepal, by Rájendralálamitra, p. 81).

La Bibliothèque nationale possède deux manuscrits du Daçabhoûmîçvara et il y en a un à la bibliothèque de l’Université de Cambridge.

Voyez aussi : The Sanskrit Liter. of Nepal, by Rájendralálamitra, p. 81 et 116, et la traduction anglaise, par le même, du Lalita vistara, p. 65.

Le mot bhûmi est employé par les Brahmanes avec le même sens. Dans le commentaire de la Bhagavadgitâ, XIV, 22, par Nîlakaṇṭha, on trouve une énumération des sept terres ou degrés du Yoga, attribuée à Vasishtha. La voici :

Djñânabhûmih çubhêchtch’âkhyâ prathamâ samudâhrĭtâ ;
Vichâranâ dvitîyâ tu ; tritîyâ tanumânasâ ;
Sattvâpattiç chaturthî syât, tatô’ sam̃sakti nâmikâ ;
Padârthâbhâvanî shachthî ; saptamî turyagâ smrĭtêti.

Vasishtha appartenant à l’époque védique, cette énumération des sept terres et l’acception qu’a ici le mot bhûmi, doivent être très anciennes.

P. 4, l. 8, en remontant. « Le lotus sur lequel glisse l’eau », c’est-à-dire auquel elle n’adhère pas. Cette expression est très famillière aux Hindous. Ainsi dans la Bhagavadgitâ, V, 10 : « Il n’est pas souillé par le péché, pas plus que la feuille de lotus par l’eau. »

P. 4, l. 3, en remontant. « Le Bouddha qui possède les 5 yeux. » Ce sont : 1o  l’œil de la chair ; 2o  l’œil de la Loi ; 3o  l’œil de la sagesse ou de l’intelligence ; 4o  l’œil divin ; 5o  l’œil d’un Bouddha.

Comp. le Mahâvastu, édit. de M. Sénart, t. I, p. xxxvi et s.

P. 5, l. 5. « La bonne Loi vraiment blanche », c’est-à-dire parfaitement pure. J’ai suivi ici la version tibétaine qui traduit paryavadâta par dkar po.

Nous verrons plus tard, ch. xxi, que les bons esprits sont blancs tandis que les mauvais sont noirs.