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AVADÂNA ÇÂTAKA II, 1, (11)

rèrent une nourriture saine et parfumée ; puis, ayant fait un amas de fleurs considérable, ils ornèrent le lieu du passage avec des autels de fleurs. Ensuite ils firent annoncer l’heure à Bhagavat par un messager : « C’est le moment, Bhagavat ; le repas est prêt, l’heure est arrivée. »

Alors Bhagavat, entouré d’une troupe de Bhixus, suivi de l’assemblée des Bhixus, se dirigea du côté où était le village des mariniers. Quand il y fut arrivé, il s’assit en avant de l’assemblée des Bhixus sur un siège préparé (pour lui).

Quand les mariniers virent que l’assemblée des Bhixus avec le Buddha en tête était commodément assise, ils les rassasièrent (en les servant) de leurs propres mains, avec des mots solides et liquides, purs et consacrés.

Après les avoir ainsi rassasiés et comblés de diverses manières (en les servant) de leurs propres mains par des mots solides et liquides, purs et consacrés, quand ils virent que Bhagavat avait fini de manger, s’était lavé les mains et avait mis de côté son vase, ils prirent des sièges plus bas (que le sien) et s’assirent devant Bhagavat pour entendre la loi.

Alors Bhagavat connaissant les bonnes dispositions, les éléments et la nature de ces mariniers, leur fit une telle démonstration de la loi renfermant les quatre vérités sublimes que, après l’avoir entendue, quelques-uns de ces mariniers atteignirent le fruit du Srota-âpatti, quelques-uns le fruit de Sakṛd-âgâmi, quelques-uns le fruit d’Anâgâmi ; quelques-uns se firent initier, et quand ils eurent rejeté tous les Kleças, la qualité d’Arhat se manifesta pour eux ; quelques-uns produisirent une pensée pour la Bodhi des Çrâvakas, quelques-uns en produisirent une pour la Bodhi des Pratyekabuddhas, quelques-uns en produisirent une pour la Bodhi parfaite au-dessus de laquelle il n’en existe pas, et l’assemblée tout entière fut vivement portée pour le Buddha, attachée à la Loi, pleine d’empressement pour la Confrérie. Puis les mariniers avec de grandes marques de respect, transportèrent le Buddha avec la Confrérie des Bhixus (à l’autre rive du fleuve).

Les Bhixus ayant l’esprit incliné[1] par la vue de ces hommages rendus au Buddha, questionnèrent le bienheureux Buddha : Où Bhagavat a-t-il produit ces racines de vertus ? — Bhagavat dit : Le Tathâgata, Bhixus, a fait, accu-

  1. Avarjita-nana?a[illisible] : que le tibétain rend par sems-dga’vas-gyur-te « ayant l’esprit rendu joyeux ».