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avadâna-çataka I, 9, (9)


9. DHÛMA (9)
— La Fumée —

Le bienheureux Buddha (1)… résidait à Çrâvasti, à Jêtavana, dans le jardin d’Anâthapiṇḍada.

Or, il y avait à Çrâvastî, en ce temps-là, deux Çresthî qui étaient en dissentiment l’un avec l’autre. L’un d’eux tenait pour Puraṇa, l’autre pour le bienheureux Buddha. Ils parlaient ensemble et disputaient avec vivacité. L’adhérent de Puraṇa disait : « Puraṇa est bien supérieur au Buddha. » — L’adhérent du Buddha disait : « Bhagavat, le parfait et accompli Buddha, est bien supérieur. » — Si bien qu’ils en vinrent à mettre la totalité de leurs biens en garantie de leur assertion. Le bruit en arriva jusqu’aux (oreilles du) roi Prasenajit, qui donna cet ordre à ses ministres : « Il faut les éprouver. » En conséquence, les ministres firent faire cette proclamation à son de cloche par tout le pays : « Dans sept jours, il y aura une (lutte d’) épreuve entre un adhérent du Buddha et un adhérent des Tirthikas. Que ceux qui sont curieux de la voir y viennent ! »

Le septième jour donc, sur un espace large et découvert, plusieurs centaines de mille de créatures s’étant rassemblées sur le sol, et plusieurs milliers de divinités s’étant réunies dans les champs de l’air, une enceinte circulaire ayant été tracée avec de la bouse de vache, tous les parfums et toutes les guirlandes (de fleurs) ayant été disposés, l’adhérent des Tirthikas fit le premier l’offrande (démonstrative) de (la) vérité : « S’il est vrai, dit-il, que Puraṇa et les autres docteurs, qui sont (en tout) au nombre de six, soient supérieurs (à tous autres) dans le monde, si cela est vrai, que ces fleurs, cet encens, cette eau se dirigent vers eux ! » À peine ces paroles eurent-elles été prononcées que les Heurs tombèrent à terre, le feu (de l’encens) s’éteignit, l’eau s’en alla dans la terre, se perdit totalement, fut complètement absorbée. Alors, un cri de joie et une voix (d’approbation) s’échappa de la foule. À cette vue, l’adhérent des Tirthikas resta silencieux ; les épaules ramassées, le regard baissé, sans entrain, tout rentré en lui-même, il appuya sa joue sur sa main et s’absorba dans ses réflexions.