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avadâna-çataka I, 6, (6)

avoir examiné les symptômes[1], se mit à appliquer des remèdes. Mais le mal ne se calme pas ; au contraire, il augmente. Le père, voyant le progrès de la maladie de son fils, dit : « Assurément mon fils mourra, puisque le médecin même est impuissant à guérir cette maladie. » À ces mots, il tomba par terre en syncope.

À cette vue, le fils fit de nouvelles réflexions ; mais ces réflexions n’aboutirent qu’à faire naître de nouveau le trouble dans son esprit. — L’enfant est devenu malade, il n’y a aucune possibilité de le soigner[2]. — Il adressa la parole à son père : « Pas de précipitation, cher (père) ; appuie toi sur la fermeté, lève-toi ; que la crainte de ma mort ne te fasse pas devenir tel que moi. Fais des offrandes aux dieux en mon nom, fais des libéralités[3], et mon état s’améliorera. » Le maître de maison, ayant entendu les paroles de son fils, fit des offrandes à tous les dieux, il fit des largesses à tous les brahmanes, tîrthikas (chefs d’Écoles), parivrâjakas (solitaires errants) ; néanmoins la maladie de son fils ne se calmait pas. Alors une grande douleur morale s’empara de lui. « J’ai fait des offrandes à tous les dieux, j’ai fait des libéralités, et l’état de mon fils ne s’améliore pas ! » — Alors, se rappelant les qualités du Tathâgata, il s’adressa au Buddha.

Cependant, il n’est rien qui échappe aux Buddhas (18)… Toute-science, toute puissance et miséricorde des Buddhas…

Bhagavat, ayant donc vu l’état de Vaḍrika, le fils du maître de maison, lança des rayons de la couleur de l’or dont l’éclat surpassait mille soleils, en sorte que la maison en fut tout éclairée ; il lança aussi des rayons d’amour développés pendant mille kalpas, et dont le seul toucher réjouit le corps du (malade). Ensuite Bhagavat vint au seuil de sa porte. Son portier le lui fit savoir en lui disant : « Bhagavat se tient à la porte. » — Alors Vaḍrika le fils du Çresthi éprouva une grande joie (prasâda), ressentit un grand soulagement et dit : « Qu’il entre, Bhagavat, qu’il soit le bienvenu, Bhagavat ! Je désire voir Bhagavat ». — Bhagavat entra, s’assit sur le siège préparé pour lui ; quand il fut assis, Bhagavat dit à Vaḍrika : « Vaḍrika, qu’est-ce qui te tourmente[4] ? » Vaḍrika répondit : « J’éprouve une douleur physique et morale. »

  1. Cihna.
  2. Ce passage est quelque peu obscur. Je crois que le manuscrit est incorrect ou plutôt incomplet.
  3. Pujâ (offrandes)… Danam (libéralités).
  4. Il y a ici un jeu de mots, une allitération intraduisible : Kim te Vaḍrika vâdhaka iti.