il avait fait de coton une frange d’habit, et se tenait sur le marché. Cependant Bhagavat, s’étant levé de bon matin, ayant revêtu son manteau de religion et pris son vase à aumônes, entra dans Çrâvastî pour mendier. Le (tisserand) vit donc le bienheureux Buddha, orné des trente-deux signes (10)… Description physique du Buddha…
À cette vue son esprit éprouva une joie intense à cause de Bhagavat ; et Bhagavat, pour lui faire du bien, lui montra son manteau de religion tout usé. Lui donc offrit la frange à Bhagavat, et Bhagavat lui fit voir aussitôt son manteau recousu (c’est-à-dire bordé). La joie qui naquit alors en lui fut immense, et, adorant les pieds de Bhagavat, il fit un vœu (21)… Vœu pour la Bodhi…
Bhagavat lui dit :
Ensuite Bhagavat, connaissant, à l’égard du tisserand Soma, la succession des causes et la succession des actes, fit un sourire. Or, c’est la règle, quand les Buddhas rient (19)… Rire des Buddhas ; Prédiction de la Bodhi.
Ânanda, ce tisserand Soma, après trois Asankhyeya-Kalpas, deviendra, sous le nom de Daçottama, un parfait et accompli Buddha…
Ainsi parla Bhagavat… (2).
I. Ce texte étant traduit du tibétain, on a compris que le nom sanskrit Daçottama est un mot de ma façon, par lequel je traduis le tibétain ts’ar-ts’ar bla-ma. Ts’ar-ts’ar veut dire « une frange », daçâ a le même sens en sanskrit : bla-ma rend Uttama dans Padmottama (6) ; mais il est connu pour rendre aussi le sanskrit guru, (précepteur). On pourrait donc penser à Daçâguru (précepteur aux franges), mais Daçottama me paraît préférable.
II. Le Sûkarika-avadâna, dont le commencement a été intercalé si mal à propos dans notre recueil, est connu. Le texte sanskrit s’en trouve dans le Divya-avadâna (Édit. Cowell, p. 193-6), la version tibétaine isolée forme le troisième texte du volume XXIXe du Mdo. Ce serait le cas d’en donner ici une traduction française : mais cela est déjà fait, et nous prenons la liberté de renvoyer le lecteur au tome V des Annales du Musée Guimet (p. 292-5).