Page:Annales du Musée Guimet, tome 18.djvu/77

Cette page n’a pas encore été corrigée
31
avadâna-çataka III, 3, (3)

le quasi-Sûtra de notre texte. Dans ce discours, comme dans la plupart de ceux que ces textes mettent dans la bouche du Buddha, il emploie de préférence le genre d’argument que nous appelons Sorite (Ex. : par la pureté on accomplit le vœu pour la Bodhi, par le vœu on réalise les dix forces, par les dix forces on défait les troupes terribles de Mâra ; quand on a vaincu toutes les troupes de Mâra, on obtient la connaissance de la Bodhi.

III. Le troisième récit du huitième chapitre du Karma-Çataka est une rédaction différente de ce récit (comparer Annales du Musée Guimet, tome V. p. 387-9).

4. SÂRTHAVÂHA (4)
– Le Marchand –

Le bienheureux Buddha (1)… résidait à Çrâvastî, à Jetavana, dans le jardin d’Anâthapiṇḍada.

Il y avait à Çrâvastî un grand négociant qui y était venu après avoir fait naufrage. Deux fois même, trois fois même, il s’embarqua sur l’Océan après avoir adressé aux dieux des supplications, il revint encore ayant foit naufrage. Aussi était-il dans un grand abattement. Il se mit à réfléchir ainsi : Quel moyen pourrais-je bien employer pour acquérir des richesses ? — Cette pensée lui vint alors à l’esprit : ce Buddha bienheureux est de beaucoup supérieur à tous les dieux, il est tout entier à son propre bien et au bien d’autrui, compatissant, magnanime, amoureux de la loi, tendre pour les créatures. Si maintenant Je m’embarquais de nouveau sur l’Océan en (invoquant) son nom, je reviendrais à bon port après avoir fait un heureux voyage, et je lui ferais l’offrande de la moitié de mes richesses. — Il exécuta son projet, s’embarqua de nouveau sur l’Océan, et, ayant par la puissance du Buddha, atteint l’île des joyaux (Ratnadvîpa), il y fit une grande collection de joyaux, et rentra heureusement chez lui, sain et sauf.

Quand il fut remis des fatigues du voyage, il se mit à contempler le vase (qui renfermait ses richesses). À la vue de ces joyaux divers et variés, une grande cupidité s’empara de lui. Il dit : Il faudra donc que je donne au Çramana Gautama la moitié (d’une masse) de joyaux tels (que ceux-ci) ! Si je les vendais à ma femme pour un double Kàrsàpana de bon aloi, j’offrirais des

1 Dans le résumé placé en avant de la décade, le mot Sârthavâha est remplacé par Bâṇija qui est un synonyme.