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avadâna-çataka I, 3, (3)

maître de maison fut encore bien plus affligé, et, appuyant sa joue sur sa main, il se plongea dans ses réflexions.

Cependant il n’est rien qui échappe aux Buddhas (18)… Toute-science, toute-puissance et miséricorde des Buddhas… Bhagavat regarde (et dit) : Ce jeune garçon paresseux se livrera à l’activité en me voyant^^1 parce qu’il inclinera son esprit vers la Bodhi parfaite au-dessus de laquelle il n’y a rien. Alors Bhagavat, pour retrancher l’orgueil et l’insolence des Tîrthikas, en même temps que pour faire naître des racines de vertus chez ce jeune garçon, envoya des rayons lumineux de la couleur de l’or, ayant une puissance supérieure à celle de mille soleils, en sorte que la maison en fut éclairée : il envoya aussi des rayons d’amour développés pendant mille kalpas, de sorte que, au seul toucher, le corps de cet (enfant) en fut tout ragaillardi. L’enfant se mit à regarder de côté et d’autre en disant : « Par la puissance de qui mon corps a t-il éprouvé ce bien-être ? » — « De Bhagavat^^2 ».

Bhagavat, entouré d’une troupe de Bhixus, entra dans cette maison. Le paresseux vit le Buddha orné des trente-deux signes, etc. (10)… Description physique du Buddha…

À cette vue, il fut de nouveau rempli d’une joie^^3 extrême. Soudain, il se leva spontanément, prépara un siège pour Bhagavat et dit : « Que Bhagavat s’approche, que Bhagavat soit le bienvenu, que Bhagavat prenne place sur ce siège préparé pour lui ! » Alors le père et la mère de l’enfant, et les gens de la maison, témoins de cet empressement^^4 qu’ils n’avaient pas encore vu, furent dans un suprême étonnement. Puis l’enfant paresseux dont les yeux étaient dilatés par la joie, salua (avec la tête) les pieds de Bhagavat et s’assit devant lui pour entendre la loi. Alors Bhagavat lui exposa sous plusieurs formes les inconvénients de la paresse et les avantages de l’activité^^5. Après quoi il lui présenta un bâton en bois de sandal : « Enfant, dit-il, coupe ce bâton. » L’enfant se mit à le couper. Alors le bâton coupé rend un son agréa-

1 Le manuscrit népâlais a mardanân « par le frottement » ; mais la traduction tibétaine donne : ṅa mthoṅ na « s’il me voit » : je corrige le manuscrit népalais en lisant maddarçânân.

2 Cette réponse n’est pas dans le tibétain ; peut-être est-ce une interpolation dans le manuscrit sanskrit.

3 Prasâda, tibétain : dga.

4 Prabhâra, « autorité, majesté, » rendue par le tibétain : gus-par sgrim-pa « empressement respectueux ».

5 Il y a ici l’indication d’un sûtra dont on ne donne pas le texte.