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avadâna-çataka I, 2, (2)

seulement par des amplifications outrées, mais même par certains détails. En voici le résumé :

Longue description du Buddha résidant dans la maison à étages. — Il entre à Vaiçâli avec le dessein de convertir Yaçomatî (ce qui n’est pas énoncé dans l’Avadâna Çataka). — Il est reçu par le Sênapati (général).

Yaçomati fait connaitre ses sentiments à son beau-frère le général, par l’intermédiaire de sa belle-mère (autre détail qui n’est pas dans l’Avadâna-Cataka). — Elle invite le Buddha à un repas, qui est signalé par les prodiges connus. — Interminable discours de Yaçomati au Buddha qu’elle exalte et compare à tout ce qu’il y a île puissant et de grand au ciel et sur la terre (Brahmâ. Viṣṇu, Çiva, Agni, Yama, Vira, Pâçî, Vâyus, le soleil etc.. etc.) — Réponse du Buddha, qui est un interminable sermon sur les difficultés et les moyens d’obtenir la Bodhi. — Vœu de Yaçomati. — Rire et prédiction du Buddha.

Bien que le récit versifié porte la marque d’une amplification du récit en prose de l’Avadâna-Çataka, il y a certains détails, deux ou trois, qui ne paraissent pas provenir de cette source, soit que le versificateur les ait trouvés ailleurs, soit qu’il ait pris sur lui de les inventer.

II. Le nom bouddhique de Yaçomati doit être Ratnamati (qui pense aux joyaux) d’après le manuscrit ; mais Ratnamati parait n’être qu’une correction de Ratnamatî (celle qui a de joyaux) calqué sur Yaçomati (celle qui possède la gloire). Comme on ne peut être Buddha que sous la forme masculine, un Buddha ne peut porter un nom de femme ; c’est pour cela sans doute que l’on a fait Ratnamati de Ratnamatî. Mais il fallait corriger Ratnamati en Ratnamat, ou plutôt Ratnamati est une correction maladroite de Ratnamat. Ratnamat (possédant des Joyaux) (en tibétain : Rin-chen ldan) doit être le véritable nom.

III. La visite du Buddha au général « Lelion » (sinon celle même de notre Avadâna, au moins une autre analogue) est citée dans les textes pâlis. — Le Jâtaka 246 commence ainsi :

Le maître était entré à Vaiçàli et résidait dans une salle de la maison à étages, lorsque, à l’occasion du général Simha. il dit le Bâloradâjâtakam (Jâtaka sur le blâme du fou). Ce (général Simha), ayant pris refuge dans le Buddha, l’invita (à plusieurs reprises), et un jour lui offrit un repas où il y avait de la viande.

C’est Là tout ce que ce texte dit de Simha ; il n’est plus question de lui. Les disciples de Nâṭaputta prennent occasion de ce repas où il y avait de la viande pour déblatérer contre le Buddha. Les Bhixus s’en émeuvent, et leur maître leur raconte que, jadis du temps de Brahmadatta, étant ascète, il avait été reçu par Nâṭaputta, qui était alors propriétaire et lui avait servi un repas de poisson, pour se donner le plaisir de lui imputer ensuite le meurtre d’un être vivant, et que lui, l’ascète (le Bodhisattva), avait repoussé cette accusation en déclarant que le sage n’est point capable d’un meurtre qui est le fait d’un fou. Cette défense nous paraît bien faible ; mais nous n’avons point à discuter la question. Nous retenons de ce récit deux traits essentiels : 1° les rapports d’amitié de Çâkyamuni-Gotama et du général Simha ; 2° la liberté que prenait le Buddha d’accepter des aliments qui