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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

aux pieds le vase plein d’un Pratyêkabuddha (4). Une tentative de meurtre contre un rival, une horrible grimace faite à des Bodhisattvas avaient valu à l’un ses ulcères (6), à l’autre sa laideur (7). Celui qui cherchait à se suicider avait été voleur dans un cimetière ; mais, comme il avait une fois remis un objet volé à un Pratyêkabuddha, sur lequel s’acharnèrent en vain ceux qui le poursuivaient, ses tentatives de suicide ne réussissaient pas (8). Un langage venimeux, puni d’une renaissance parmi les Nâgas, était la cause de la mauvaise disposition d’esprit de celui qui était colère (1). Quant à celui qui semblait voué à l’erreur, il avait été chef de voleurs et avait, comme tel, ordonné la mort d’un Pratyêkabuddha. Heureusement pour lui la sentence ne fut pas exécutée, car il l’aurait payée cher (9).

Quels mérites, en dépit de ces méfaits, avaient valu à ces mêmes personnages, la délivrance finale, la qualité d’Arhat ?

Ce sont : 1° De profondes études pour celui qui était né après 60 ans de gestation (2) et pour celui qui avait été privé de mains (3) ; 2" l’initiation et l’observation fidèle de la règle monastique sous Kâçyapa pour l’homme colère (1), le meurt-de-faim (4), l’enfant cadavre (5), l’homme aux ulcères (0). le monomane du suicide (8), le chef de voleurs (9} ; 3° le regret immédiat de la faute pour le laid (7). mais ce regret, ce repentir de la mauvaise action commise se retrouve aussi chez d’autres et a concouru à leur relèvement, savoir : l’homme sans mains (.S), l’enfant cadavre (5). l’homme aux ulcères (6), le voleur dans les cimetières (8), le chef de voleurs (9) ; i" le Pranidhàna pour l’homme colère (1). l’homme aux ulcères (G), le monomane du suicide (8), le général en chef des voleurs (9). Ce vœu (ou Pranidhàna) se confond d’oi’dinaire avec l’expression du regret ou la suit de si près qu’on ne peut guère les séparer ; 5° dons et largesses mentionnés une seule fois et concourant avec l’initiation (1).

Il nous reste à parler du héros du dixième récit, qui se distingue de tous ceux de la dixième décade par l’absence de toute tache, et de tous les héros masculins et féminins des récits de la compilation tout entière par cette circonstance que son arrivée à l’état d’Arhat s’accomplit dans une existence postérieure de deux siècles à l’apparition du Buddha Çâkyamuni ; seulement le fait qui lui a valu ce précieux avantage appartient à une existence contemporaine de celle du Çâkyamuni, quoique l’acte lui-même soit postérieur au Nirvana. En effet, peu après la disparition du Buddha, il avait offert à la confrérie en marche et exténuée de fatigue un bain rafraîchissant et réparateur, et cette bonne action fut récompensée par le don d’un jardin avec un étang qui ne le quittait pas et le suivait partout, lorsqu’il renaquit sous le règne d’Açoka pour clore la série de ses existences en obtenant l’état d’Arhat pour lequel il avait d’ailleurs fait un vœu.


I. SUBHÛTI (91)

Le bienheureux Buddha (1)… résidait à Çrâvasti, à Jetavana, dans le jardin d’Anâthapiṇḍada.