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TROISIÈME DÉCADE


PRÉAMBULE

Si les deux premières décades enseignent comment on devient Buddha, la troisième enseigne comment on devient Pratyêkabuddha ; car elle est consacrée à cette classe de dignitaires. Mais elle ressemble surtout à la première parce que la Pratyêkabodhi y est prédite à la suite d’un sourire de Buddha dans la plupart de ces récits, huit sur dix, deux seulement ayant pour sujet la carrière d’un Pratyêkabuddha passé. Une seule décade suffit donc pour les Pratyêkabuddhas, là où les Buddhas en prennent deux. C’est que, aussi, la dignité de Buddha est bien supérieure à celle de Pratyêkabuddha.

Les deux anciens Pratyêkabuddhas, dont la carrière est racontée (1, 4) à propos de leur stûpa, se ressemblent beaucoup, et même trop. Tous les deux naissent d’un lotus, dans le jardin du même roi (ou de deux rois homonymes) Brahmadatta, dont ils sont réputés les fils ; mais l’un devient Pratyêkabuddha tout d’un coup au milieu des réjouissances d’une fête, l’autre dans les austérités de la vie ascétique. Tous les deux, devenus Pratyêkabuddhas, s’élèvent dans l’air et y font des prodiges. Quels actes leur avaient valu ces avantages ? Le premier (1) avait été bhixu de Kâçyapa, avait aspergé son stûpa d’eau de senteur, avait médité la Pratyêkabodhi ; le deuxième (4), n’étant que simple négociant avait jeté un lotus à Vipaçyi ; de plus, un vœu, formé en entendant les cris de sa femme en couches, l’avait dispensé de renaître par la voie ordinaire[1].

Les futurs Pratyêkabuddhas dont parlent nos textes sont des personnages très divers : deux Çresthis ou notables (5, 6) ; un jardinier (9) ; un batelier (7) ; la jeune femme d’un

  1. On trouvera, dans les récits subséquents, la mention de plusieurs Pratyêkabuddhas passés jouant un rôle, tous anonymes.