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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

la troupe des Maruts, arriva, en même temps que Viçvakarma et les quatre grands rois entourés d’une foule de Devas, Nâgas, Yaxas, Gandharvas[1], Kumbhaṇḍas, munis de poutres de bois de santal supérieur (goçîrsa), poussant des Ha ! Ha ! et faisant retentir bien haut les cris Kila Kila ; ils construisirent à l’intention de Bhagavat un palais fait en bois de santal supérieur (goçîrsa). Puis, dans ce palais, Çakra, le roi des dieux, offrant à Bhagavat et à la congrégation des Çrâvakas des mets divins, des lits et des sièges divins, des parfums divins, des guirlandes de fleurs divines, les traita avec honneur, respect, considération, vénération.

Alors, la multitude des Kauravyas, en voyant ces magnificences divines, fut dans un suprême étonnement, et se livra à cette pensée : « Le bienheureux Buddha ne serait-il pas le premier dans le monde, puisque les dieux avec Indra lui rendent un culte ? « Ayant donc l’esprit rempli d’une (bonne) inclination[2], elle se rendit près de Bhagavat. Une fois arrivée près de lui, elle s’assit à peu de distance. Assise ainsi à peu de distance, la multitude des Kauravyas eut une joie[3] extrême à l’occasion de ce palais. Alors Bhagavat, ayant fait disparaître ce palais, fit sur les quatre vérités sublimes[4], une démonstration de la loi relative à l’impermanence (de toutes choses — anityatâ), démonstration telle que, après l’avoir entendue, parmi les hommes (habitant) Kauravya, quelques-uns atteignirent le fruit de Srota-âpatti, etc., etc.[5].

Alors, les Bhixus, ayant l’esprit incliné[6] vers Bhagavat par la vue de l’adoration divine, questionnèrent le bienheureux Buddha : « Où Bhagavat a-t-il créé ces racines de vertu ? »

Bhagavat dit : Autrefois Bhixus, dans d’autres naissances, le Tathâgata (12 bis)… Le fruit des œuvres du Tathâgata.

Autrefois, Bhixus, dans la voie du passé, un parfait et accompli Buddha du nom de Brahmâ (14)… Apparition d’un ancien Buddha… parut dans le monde.

Or, le parfait et accompli Buddha, Brahmâ, voyageant à travers le pays,

  1. Ce nom n’est pas dans le manuscrit sanskrit, par la faute du copiste, évidemment.
  2. Avarjitamanâ : rendu ici par sems ’dun-par gyur-nas, ’dun signifie « désirer ».
  3. Prasada rendu par dga ; mais le sanskrit présente un jeu de mots où une allitération intraduisible en tibétain comme en français. La phrase est : tasmin prasâdê ’tyartham prasâdam utpâdayati.
  4. La mention des vérités n’est point dans le sanskrit, par négligence ou autrement.
  5. Même développement ici que dans le précédent Avadana. Voir p. 55 (4e  alinéa).
  6. Avarjitamanasa : rendu par sems dga-var gyur-te (se réjouir).