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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

mulé, entassé des actes dans les existences antérieures (12bis)Le fruit des œuvres du Tathâgata.

Autrefois, Bhixus, dans la voie du passé, un parfait et accompli Buddha du nom de Bhâgiratha (14)Apparition d’un Buddha ancien… parut dans le monde. En voyageant entouré de soixante-deux mille Arhats, à travers le pays, il atteignit le nord de la Gangâ. En ce moment un chef de caravane entouré de plusieurs centaines (de compagnons) transportait ses marchandises de l'autre côté du fleuve du Gange. Or, il régnait dans le pays une grande crainte des voleurs. Le chef de caravane aperçut le parfait Buddha Bhâgîratha entouré de soixante-deux mille Arhats. À cette vue il ressentit dans son esprit les meilleures dispositions : ayant donc l’esprit bien disposé[1], il adressa la parole à Bhagavat : « Avant toutes choses, dit-il, je ferai passer Bhagavat. » Le parfait et accompli Buddha Bhâgîratha accueillit par son silence la proposition du chef de caravane. Alors le chef de caravane fit triomphalement traverser le fleuve en barque au parfait et accompli Buddha Bhâgîratha ainsi qu’à la confrérie des soixante-deux mille Bhixus. Puis après l’avoir rassasié de mets consacrés, il fit un vœu pour la Bodhi.

Bhagavat dit : Que pensez-vous Bhixus ? Celui qui, en ce temps-là, à cette époque-là, fut le chef de caravane, c’était moi, qui ai fait passer en barque le parfait et accompli Buddha Bhâghiratha entouré de ses soixante-deux mille Arhats, qui l’ai rassasié de mets consacrés, et qui ai fait un vœu. C’est par la maturité de cet acte que, dans le Samsâra, j’ai éprouvé un grand bien-être, et que maintenant, arrivé à la Bodhi parfaite au-dessus de laquelle il n’y en a pas, j’ai obtenu de tels actes d’adoration.

En Conséquence, Bhixus, voici ce qu’il vous faut apprendre (3)Le culte du maître…

Ainsi parla Bhagavat (2)


Rapprochements et remarques

1. Cet Avadâna est le troisième texte du Kalpa-dr. av. (fol. 12-16) ; il y est seulement donné sous le titre, très facile à comprendre, de Sârthavaha (le marchand, le chef de caravane). Le récit versifié suit de très près le récit en prose de l’Avadâna-Çataka sans

  1. D’après le tibétain, il faudrait employer l’expression « joie » ; car il se sert de sems dga-var ’gyur pour rendre le sanskrit cittam prasâdayamâsa et prasanna-citta.