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LE RÂMÂYAṆA.

poussant soupir sur soupir, मि:श्वसन्तं मुहुर्मुहु:, lui répond : « Comment un homme de race, de vérité, d’énergie et de parole voudrait-il, fût-ce pour un royaume, commettre un péché ? कुलीन​: स्त्त्वसंपन्नस्तेजस्वी चरिनव्रत​: । राज्य्हेत्तो: कभं पापमाचरेन्यहिशि जन​: ॥[1]. Mes vertueux père et mère m’ont dit : « Va dans le bois », et me voici en retraite pour 14 années dans la sauvage forêt de Daṇdaka. » Comprenant alors qu’il est inutile d’insister, Bharata s’écrie : « Tu es un dieu ! c’est ma conviction : देवस्वं संमतो मम[2]. Apprends donc que le mahârâja, notre père, est allé dans le ciel, et lève-toi pour offrir l’eau des mânes. » À cette nouvelle que rien ne lui avait fait pressentir, Râma étend les bras et tombe sur le sol comme un arbre abattu par la hache.

Quand il eut repris connaissance, il alla en procession, Sîtâ devant, lui au milieu et Bharata derrière[3], faire la cérémonie de l’eau aux mânes de son père, car, dit la Loi, « de l’eau pure offerte simplement et avec foi aux pitris, est la source d’un bonheur inaltérable[4]. Arrivés au bord du fleuve Mandakinî, tous répandirent donc l’onde pure et fortunée en disant : Que cette eau soit pour lui ! असिञचन्नुदकं तस्मै[5]. Puis, Râma, le visage tourné vers l’espace consacré à Yama[6], dit en pleurant ces paroles : « Cette eau limpide et excellente, ô tigre des héros, que je t’offre, puisse-t-elle être pour toi un breuvage propice dans les mondes des pitris ! » एतत् ते नृपशार्द्वल विमलं तोयमुत्तमं पितृलोलेषु पानियं मद्दत्तमुपतिष्ठतु ॥[7]. Et joignant l’oblation à la libation, il étend des fruits sur une couche de darbha (kuça) et prononce, suffoqué de douleur, ces paroles : « Mahârâja, mange avec plaisir ces aliments que nous mangeons nous-mêmes, car la nourriture de l’homme est sans doute aussi la nourriture des pitris et des divinités, इदं भुङव

  1. Râm., Ib., 110, 15.
  2. Ib., 111, 4.
  3. Marcher sur une seule file à la suite l’un de l’autre est l’habitude des hommes primitifs.
  4. Mân., III, 202. — Açvatûyana, IV, 4, 10.
  5. Râm., II, 111, 31.
  6. Le Sud.
  7. Râm., II, 111, 33.