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LE RÂMÂYAṆA.

les brâhmanes célébrants, Vaçishta avec Viçvâmitra en tête, sacrèrent Râma suivant les rites et les règles établies, en présence de tous les dieux se tenant dans les airs, arnabhasi sthitaiḥ^^1, et entourés de toutes les notabilités de l’armée et de la population, chacune d’elles dans l’ordre de son rang. Ensuite Râma distribua les plus riches présents aux brahmanes d’abord, puis à Sugrîva, à Angada, à Nîla, à tous enfin, suivant leur mérite. Pour Hanumân, il reçut de Sîtâ un magnifique collier en perles, hâram, qu’elle détacha de son cou. Cette marque de haute faveur était due au fils du vent à cause de ses services exceptionnels. C’est aussi pour cela que Râma lui demanda quelle grâce il désirait que lui, le roi, pourrait lui accorder. Hanumân répondit : « Je souhaite, ô dieu, de prolonger ma vie tant que tu seras manifeste sur la terre : यावद्रामकथ देव पूथिव्यां प्रचरिष्यति । तावद्देहे मम प्राणास्तिष्ठन्तु^^2. » Pas mal demandé ni maladroit. Aussi Râma s’empressa d’accorder sa requête d’immortalité au fils du vent en disant : « évan bhavatu ! qu’il en soit ainsi ! »

Les événements s’étant donc de la sorte accomplis, tous s’en allèrent joyeux et contents, causant entre eux de leur bien-aimé Râma et de sa merveilleuse histoire : दथयन्तः कथाः शुभा. Cependant Râma associa Lakshmaṇa à son empire comme roi de la jeunesse, यौवराज्^^3, et durant leur règne^^4, qui fut toujours conforme à la justice, la terre abonda en produits et les peuples furent heureux^^5.

1 Râm., VI, 112. 76.

2 Ib., 112, 101.

3 On sait que les Romains aussi connaissaient ce titre. Le princeps inventutis était ordinairement l’héritier présomptif de l’empereur. Caracalla garda même ce titre, étant empereur, et son exemple fut suivi par beaucoup de ses successeurs. C’est ce dont témoignent les monuments épigraphiques et monétaires. (V. Orelli, Inscript. latin. select, coll. nos. 743, 930, 951, 965, et al. pluries. Eckhel, Doctrina numor. vet., VIII. cap. 8 ; éd. 1798 Cf. Tacit., Annal., I. 3 ; XII, 41).

4 Le poète ne nous dit pas combien il dura. Peut-être Râma devint-il vieux comme son père (V. sup. p. 31) ou atteignit-il comme Abraham et le mulâtre Prichard à Fredericktown (Ohio) l’âge de 180 ans. (V. Rev. d’Anthropologie, 1880, p. 376). Quoiqu’il en soit, le règne de Râma est sans fin. Nul dieu, pas même Krishna, autre incarnation de Vishnu, cher aux femmes surtout, n’est plus populaire dans l’Inde que Râma. Dans toutes les fêtes, on entend le cri de Râm ! Râm !

5 Râm., VI, 113, 3.