Page:Annales du Musée Guimet, tome 13.djvu/11

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


AVANT-PROPOS


M. Guimet, ayant bien voulu mettre à ma disposition les Annales du Musée qu’il vient de céder à l’État avec un désintéressement si rare, je suis heureux de publier dans ce grand Recueil un Mémoire que l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres et M. Ad. Regnier, président de la Commission[1], ont honoré, l’une de ses suffrages publics, l’autre d’un témoignage d’approbation qui, pour revêtir la forme d’une lettre privée, n’en a pas moins de valeur. On connaît, en effet, la prudente réserve du regretté savant et combien les éloges banals ou complaisants lui répugnaient. Je sais que la critique n’y perd rien et que rien ne désarme son fier naturel. Mais cela n’est pas fait pour me troubler, la règle de ma vie étant le mihi res, non me rebus. De toutes les doctrines morales, celle de la Stoa a mes préférences ; elle est la plus digne et la plus sage, conforme qu’elle est à la nécessité du monde, à la loi universelle du déterminisme. En la suivant, on ne s’expose pas à dire avec Lakshmana que la vertu n’existe pas : dharmo nâsti, ou avec Brutus, qu’elle n’est qu’un vain nom : in verbo tantum virtutem esse.

Dans tous les cas, il suffit à mes modestes prétentions d’avoir montré, en connaissance de cause, les grandes ressources que le Râmâyana, par cela surtout qu’il n’est pas, contrairement à l’opinion

  1. Les membres de la Commission étaient Ad. Régnier, Senart, Bréal, Maury et le Bureau.