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UN OSTRACON ÉGYPTIEN

des allusions à des faits mythologiques l’origine des cérémonies ou des noms de prêtres de diverses localités. Dans le chapitre cxv, il s’agit de la ville d’Héliopolis , l’une des plus importantes dans l’histoire mythologique. Entre le moment où l’ostracon a été écrit et la date de la rédaction du Todtenbuch, les usages avaient changé, et l’intelligence du texte sacré s’était perdue, comme on peut le constater presque à chaque pas par la comparaison entre le Livre des Morts des dynasties thébaines et celui des rois saïtes ou des Ptolémées. De là ces interpolations perpétuelles, ces notes explicatives, qui bien loin d’aider en quoi que ce soit à comprendre le livre, semblent, au contraire, avoir été écrites dans le dessein d’ajouter encore à son obscurité. Le chapitre cxv est un de ceux qui ont été le plus remaniés par les interprètes de basse époque ; quoique le sens général du morceau soit le même, il est souvent difficile de retrouver comment les phrases correspondent ; et la traduction que M. Goodwin en a tentée d’après le Todtenbuch, ne peut nullement donner l’idée de ce que serait celle du même chapitre d’après un papyrus de la XVIIIe dynastie.

L’étude de l’ostracon Guimet et de ceux du Louvre montre que ce genre de textes était écrit avec une grande rapidité et aussi avec une grande négligence ; il y a des omissions nomLreuses, ce qu’on peut appeler dos fautes d’orthographe. Le texte est bien écrit en hiéroglyphes, l’usage d’écrire le Livre des Morts en hiératique ne s’étant répandu que beaucoup plus tard, à l’époque de la XXIe dynastie. Mais sur les ostraca, le caractère ornemental de l’écriture hiéroglyphique n’a plus de raison d’être ; il est effacé ; il en résulte une absence presque complète de tout ce qui n’est pas indispensable, en particulier des déterminatifs ; les mots sont écrits avec une orthographe phonétique presque pure. Il semble que le scribe ait écrit sous dictée, cherchant à rendre sous une forme quelconque les sons qui parvenaient à son oreille. Je signale en particulier la manière bizarre d’écrire le verbe être, ordinairement écrit , et qui ici dans tous les cas où il est employé revêt la forme de cheper dont je ne connais que peu d’autres exemples. Chose étrange, si nous consultons le papyrus de la Bibliothèque nationale, qui, à l’inverse de l’ostracon, a été copié avec beaucoup de soin et de correction, nous trouvons qu’au chapitre cxv le verbe être dont il nous reste trois exemples, est