Page:Annales du Musée Guimet, tome 1.djvu/60

Cette page n’a pas encore été corrigée
52
UN OSTRACON ÉGYPTIEN

couvre est écrit en gros caractères analogues à ceux des papyrus funéraires de la XVIIIe dynastie, formant un intermédiaire entre les hiéroglyphes et l’écriture hiératique. Sur le côté que nous appellerons A1, par lequel commence le texte, les colonnes sont disposées perpendiculairement à la grande dimension de la pierre, elles sont au nombre de douze ; sur le côté B, elles sont, au contraire, parallèles à la longueur, et il n’y en a que sept. Il devait y avoir une autre pierre pour faire suit 3 à celle-ci, car à la ligne 6 se trouve le commencement d’un nouveau chapitre. Des deux côtés, les colonnes se lisent de droite à gauche.

Le personnage à qui cette pierre était destinée est nommé deux fois, A l. 1 , l’employé royal chargé du grenier, Chemnecht. Un personnage portant le même nom et le même titre nous est connu par une statuette du musée de Miramar-. II n’est pas probable cependant que ce soit le même fonctionnaire ; d’après MM. Le Page Renouf et Bergmann, le monument de Miramar serait de l’époque saïtique, tandis que celui qui nous occupe est certainement beaucoup plus ancien.

Le était un très grand personnage ; nous pouvons en juger d’après un tombeau de l’époque d’Aménophis III, creusé pour l’un de ces fonctionnaires du nom de Chaemha^^3, qui était préposé aux greniers de toute l’Egypte. On voit que ce fonctionnaire faisait rapport directement au roi, et qu’il avait sous son autorité diverses catégories d’employés chargés de faire rentrer les impôts en nature ; ces subordonnés se nommaient et . Chaemha, préposé aux greniers, portait une désignation honorifique qui signifie que la surveillance du pays lui était dévolue ; il se nommait les yeux du roi dans les villes du Mili, et ses oreilles dans les provinces du Nord. Ce titre, qui indique toujours un rang élevé, n’était, pas spécial à l’Egypte ; il y avait aussi à la cour perse les yeux du roi, βασιλέως ὀφθαλμοὶ (basileôs ophthalmoi) et βασιλέως ὦτα (basileôs ôta)

Nous connaissons une autre famille où ce genre d’emploi se trouve plu-

1 Voir les planches, dans lesquelles le monument a été réduit d’un tiers.

2 Bergmann, Hierogl. Inschr. pl. I et II.

3 Leps, Denkm. III, 76 et 77. Prisse Mon. pl. 39-42.

4 Herod, I, 114. Schol. ad. Aristoph. Acharn. 92.