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SUR L’USAGE DES BÂTONS DE MAIN

des titres, des attributions et de nombreux fonctionnaires attachés à leur maison et à leur service personnel. Nous avons déjà eu l’occasion de citer un officier de la reine. Le musée de Leyde contient aussi le bâton d’Amonneb, gardien de la maison de la grande reine, qui était en même temps attaché au culte de Thoth^^1.

Quelques-uns de ces bâtons paraissent avoir été donnés en présent ; ce sont ceux dont la légende exprime un vœu, comme, par exemple, celui d’Anoui, scribe du dieu Lunus.

On trouve sur un autre bâton du musée de Leyde un souhait du même genre : « Commence une heureuse vieillesse dans le lieu de la vérité ; ceci est dit au profit du favorisé de Ptah, seigneur de la coudée, le scribe Djaï^^2. »

Plusieurs abou, ou artistes en bois et en métaux, nous ont laissé leurs légendes sur des bâtons que sans doute ils s’étaient façonnés pour eux-mêmes.

Nous possédons, par exemple, celui d’Amenmès, artiste des travaux d’Ammon, aux ordres de la priocess Bokammon, et celui de Khratoua, grand artiste d’Ammon. Ce dernier porte une légende qui contient une prière à Ammon et à Ptah pour qu’ils accordent vie, santé et force au propriétaire de l’insigne. Ces deux cannes nous reportent à la XIXe ou à la XXe dynastie, époques des grands travaux du temple d’Ammon à Karnak. Celui d’Amen mes nous montre que non seulement les reines, mais encore les princesses égyptiennes exerçaient une autorité et avaient des fonctionnaires à leur service. La considération pour les femmes, la liberté et l’autorité qui leur étaient laissées, est l’un des traits les plus remarquables de l’ancienne civilisation égyptienne.

Les deux bâtons dont je viens de parler ont été publiés par M. Prisse d’Avenue ; dans son Choix de monuments, pl. 46^^3, avec un troisième bâton ayant appartenu à Amennaï, compteur des troupeaux de la maison de la reine. Celui-ci porte, à son extrémité supérieure, le branchement aigu en forme de

1 Leemans, Musée de Leyde, pl. 84, n° 80.

2 Leemans, loc. laud., pi. 85, n° 87.

3 Il existe au musée de Leyde une belle pomme de canne n’ayant pas moins de 15 millimètres de diamètre et portant la légende d’un kherp ou chef de brigade d’artistes, qui était en même temps haut dignitaire sacerdotal (Leemans, loc. laud., pl. 85, n° 89, a et b).