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CHEZ LES HÉBREUX ET DANS L’ANCIENNE ÉGYPTE

du bâton se lit dans la touchante histoire de la Sunamite dont Élisée ressuscita l’enfant mort. Le prophète avait envoyé son serviteur Guéhazi avec ordre d’appliquer son bâton sur la face de l’enfant^^1.

Du reste, l’abus que taisaient les Israélites de la rhabdoniaucie est condamné par le prophète Osée : « Mon peuple interroge le bois ; un bâton (maqel) lui fait des prédictions^^2. »

Ainsi qu’on le voit par les détails qui précèdent, le bâton touche à des détails multiples de la civilisation hébraïque ; on en peut dire autant en ce qui concerne la civilisation de l’ancienne Égypte. Depuis que l’écriture hiéroglyphique n’est plus un mystère, on s’est aperçu qu’il existait entre ces deux nations, si importantes par le rôle qu’elles ont rempli, des affinités étroites qui se rencontrent jusque dans les idées religieuses. Il a fallu toute l’énergie de Moïse pour diviser sur le terrain politique des populations entre lesquelles existait une sympathie marquée. J’ai traité ce sujet dans plusieurs Mémoires auxquels les présentes recherches peuvent ajouter un chapitre nouveau.

Comme chez les Hébreux, l’usage du bâton pour la marche et le voyage était général en Egypte. C’était le premier objet à préparer pour le départ, ainsi qu’on le voit dans le conte des Deux Frères^^3. Une des grandes misères du voyageur consistait à être privé de bâton et de souliers ; tel était, d’après un papyrus, le sort qui menaçait le jeune militaire allant rejoindre son cantonnement par le> chemins pierreux de la Syrie^^4.

Sur les rives du Nil, ctuuno sur c^lli’s du Jourdain, le bâton était le grand argument de l’éducation de la jeunesse. « Travaille assidûment, ou tu seras battu », répètent sans cesse les maîtres à leurs élèves, et ils ajoutent : « Les oreilles du jeune homme sont sur son dos ; il écoute quand on le frappe^^5. »

Un scribe, rappelant les punitions qu’il a subies sur les bancs de l’école, dit qu’il a vécu sous la férule et qu’elle lui a assoupli les membres^^6. Dans cette phrase, le nom de la baguette fustigatrice est pahkha, littéralement l’entameur, le fendeur.

L’application de la bastonnade est bien des fois figurée sur les monuments

1 Rois IV, ch. IV, V. 29 et 31.

2 Osée, cil. IV, V. 12.

3 Papyrus d’Orbiney, page 13, ligne 1.

4 Papyrus Sallier, page 7, ligne 4.

5 Papyrus Anastasi III, page 3, ligne 13.

6 Papyrus Auastasi V, pjge 18, ligne 1.