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LE MYTHE DE VÉNUS

patrie avec le reste des Troyens, et portant le culte de sa divine mère sur divers rivages de la Grèce, de la Sicile et de l’Italie. Là Aphrodite était honorée comme mère d’Enée. Comment les Romains s’emparèrent-ils à leur profit de ces traditions ? Les trouvèrent-ils dans l’héritage d’Albe-la-Longue ? les recueillirent-ils dans les souvenirs de l’ancienne ligue latine ? la question est encore obscure, quelque science qu’Ottfried Müller et M. Preller aient dépensée pour l’éclaircir. Du reste, elle ne touche qu’indirectement à notre sujet. Il suffit de constater que nous voyons de très bonne heure le peuple romain rattacher sou origine auxTroyens d’Enée. Plusieurs familles romaines prétendaient descendre de tel ou tel compagnon du lu’’ ros, la^c ;/s Serriade Sergeste, les Memmii de Mnesthéi.’, prétention (|uo ^’irgill’ n’a eu garde de négliger. En même temps Bjjme se mettait en commerce régulier de politesses avec la petite ville d’ilium novuin, bâtie près des ruines de l’ancienne Troie, comme avec une parente trop longtemps ignorée. Dès lors Vénus et Mars son époux (car Vulcain est définitivement mis de côté) sont les protecteurs du peuple romain, et du haut du Capitole donnent la victoire à ses armées.

C’est Jules César, nous l’avons vu, et surtout Auguste, qui recueillirent le bénéfice de ces fictions. L’admirable poème de Virgile les a consacrées à jamais dans la mémoire de la postérité. Toutefois cett( ? Vénus majestueuse connue Rome elle-même n’a point l’ait oublier la déesse des amours, et surtout des amours légères. Celle-ci continua à régner sur les imaginations et sur les mœurs, en compagnie de son fils Cupidon, c’est-à-dire fe rf^sr’/’, bien différent de l’antique Eros grec. Si nous ne voyons pas à Rome, comme à Corinthe, les courtisanes investies auprès de la déesse d’un sacerdoce ofSciel, elle n’ en est pas moins leur patronne, et elles célèbrent leur fête dans son temple près de la Porte-Colline, temple consacré particulièrement à Vénus Erycine. La décadence romaine nous présente des spectacles que notre délicatesse moderne a jibis de peine encore à com})rendre ; par exemple la fête dea pueroï-um lenotiiorinn qui, d’après les Fastes de Préneste, se célébrait le 25 avril, deux jours après la fête des couilisanes ; et ce culte de la Venus militaris dont parle Arnobe*. On nous dispensera d’indiquer ses fonctions.

1 Corpus inscript, latin., 1. p. 317. — Arnobe, Adc. Geiit., iv, ‘ Ann. g. — I