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LE MYTHE DE VÉNUS

ventus, on avait tenté de le rapprocher du verbe venire ; mais cette étymologie soulève de graves objections philologiques.

Quoiqu’il ensuit, la végétation, le printemps, l’union des sexes, la reproduction des êtres, toutes ces idées sont si naturellement liées qu’il est facile de comprendre comment Aphrodite et Astarté se confondirent, dans l’esprit des populations italiennes, avec leur conception de Vénus. À un rang un peu inférieur, et qui le devint de plus en plus à mesure que Vénus prit un caractère politique et national, Flora continua à partager avec elle les hommages des Romains. Elle resta, en même temps que Vénus, la patronne des courtisanes ; et ses fêtes, plus encore que celles de Vénus, rappelèrent le côté sensuel du culte d’Aphrodite et d’Astarté.

À la fin de la première guerre Punique, les Romains «‘emparant de la Sicile occidentale, devinrent maîtres du mont Erjx et du célèbre temple que les Phéniciens y avaient élevé. C’était, nous l’avons vu, une des stations maritimes de ces hardis navigateurs, et l’un de leurs principaux sanctuaires. Là, comme en tant d’autres lieux, un collége de courtisanes sacrées attendait les voyageurs. On y entretenait de nombreuses colombes, ce qui explique comment le mot phénicien phrut est devenu pour les Romains, qui ne le comprenaient pas, un surnom de la déesse. Venus Frutis. Les hiérodules, les colombes, le nom même de Frutis, ne leur permirent pas d’hésiter à reconnaître Aphrodite dans Astarté, et en même temps l’identité de ces deux divinités avec cette déesse à la colombe dont les images étaient répandues en Étrurie. De tout cela se forma le personnage complexe de Vénus, qui depuis lors fut souvent invoquée, comme plusieurs inscriptions le constatent, sous le nom de Venus Erycina.

Un autre nom qu’on lui donnait quelquefois, Venus Purpurissa, semble rappeler aussi l’origine phénicienne, Sidon, Tyr et l’île de Cypre étant les lieux d’où les Romains tiraient la pourpre.

Ce sont là les seules traces de l’Astarté orientale que l’on puisse reconnaître avec quelque certitude dans la Vénus latine. Grâce au voisinage des populations de la grande Grèce, et aussi à la poésie, elle s’est bien plus rapprochée de l’Aphrodite hellénique, d’un côté comme déesse des amours élégantes, de l’autre connue mère d’Énée par Anchise.

Mais ce qui prouve bien que les deux déesses de la Grèce et de l’Assyrie