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SHIDDA

cement de la création du monde. Brahama descendit du ciel dans ce monde et créa les quarante-sept caractères dont la modification peut donner naissance à plus de dix mille autres.

Le sanscrit transmis jusqu’à nos jours, dont la prononciation est celle des Indes méridionales, a été défini d’après un ouvrage fait par Tchikô, prêtre chinois, et intitulé Djiki (explication des caractères).


Deuxième explication donnée par Shakamouni.

Les livres sacrés de Shakamouni expliquent les différents sens des caractères sanscrits. Ce sont ces sens des caractères qui, dit-on, ont été admis dans les Cinq Indes, c’est-à-dire l’Inde orientale, l’Inde occidentale, l’Inde méridionale, l’Inde septentrionale et l’Inde centrale.

Le livre sacré intitulé : Mondjoumon, qui contient les sermons que prononça Shakamouni pendant les sept premiers jours qui suivirent sa pénitence, explique les différents sens des cinquante caractères ; un autre livre, intitulé Kégonkio, explique également les divers sens des quarante-deux caractères.


Troisième explication transmise par le Monde des Dragons[1].

Cinq siècles après la mort de Shakamouni, la secte Shôdjiokîo (nom de trois des cinq sectes principales de la religion de Shakamouni) se trouvait dans un état prospère. À cette époque, plusieurs livres de la secte daïdjiô (nom de deux des cinq principales sectes de la religion de Shakamouni) avaient été introduits, on ignore par quel moyen, dans le Monde des Dragons. Sept siècles après la mort de Shakamouni, un prêtre indien nommé Riou-Miô-Bossatsou[2] alla dans le Monde des Dragons et en rapporta tous les livres qui avaient été introduits dans ledit monde : il régénéra ainsi la secte de

  1. Le monde des Dragons (dans l’Inde, monde des Nagas), créatures fabuleuses ayant la forme et la nature des serpents, qui étaient de fermes soutiens de la foi bouddhique. Le Bouddha Shakamouni lui-même leur aurait enseigné une doctrine plus élevée et plus philosophique que celle qu’il prêchait aux hommes trop peu éclairés alors pour en comprendre la profondeur.
  2. Riou-Miô-Bosatsou est la traduction chinoise du nom d’un saint qui s’appelait en sanscrit Nâgârjuna-Bôdisatva.