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ET OUVERTURE DU FLEUVE ROUGE AU COMMERCE

tadelle est de second ordre, et chaque côté mesure à peu près 500 mètres ; mais elle est la résidence du chef militaire du Tong’-kia, le prince Hoang-Kéien. Malgré la défense faite au peuple par les mandarins de nous regarder passer, il y a foule sur les berges. Tout ce monde nous regarde et ne peut cacher la joie qu’il a de nous voir ; ce sont des gambades et des éclats de rire continuels, une grande partie de la population nous accompagne ainsi très loin, puis d’autres groupes reprennent, mais on ne veut pas nous aider à tirer à la cordelle : les mandarins sont là. Cependant ces derniers ont fait les morts jusqu’ici. Probablement qu’en l’absence du vice-roi, qui est descendu à Hâ-noï, il n’y a pas d’ordre ; je ne m’en plains pas.

Nous avons beaucoup d’eau et la route est facile. Si nous avions pu franchir les bancs avec nos canonnières, tous nos navires auraient pu monter jusqu’ici et même jusqu’à la rivière Glaire. C’était bien mon rêve de conduire ma flottille en cet endroit pour rester maître du haut du fleuve et pouvoir communiquer avec le Yûn-nân.

21 janvier. — Nous traversons quelques bancs pour venir accoster sur la rive gauche au village de Oûen-tcheou, où nous nous procurons trois sampans en bambous. Un peu plus haut, nous atteignons l’embouchure de la rivière Claire. On lui donne généralement ici le nom d’un grand village, Sun-ki, la viUe mai’chande. Au-dessus de cette dernière ville, les bateliers donnent à la rivière le nom de Hô-yang parce qu’elle vient de cette localité, mais son véritable nom sur tout son parcours est Tsin-hô, ou rivière Claire. À l’embouchure de cette rivière se trouve une douane annamite et un petit village qui porte le nom de Tuyen-hô.

Il nous est arrivé aujourd’hui deux mandarins de Son-tay, venant de la part du vice-roi. Ils me demandent pourquoi je suis parti sans rien dire. Je leur dis qu’il y a assez longtemps qu’ils sont prévenus, beaucoup trop longtemps même. C’est que le vice-roi, disent-ils, voulait nous faire accompagner. Jeteur réponds que je n’ai aucun besoin de leur escorte, mais seulement de barques et de bateliers. Aujourd’hui que je suis en route, je n’ai même plus besoin de barques ; mais il me faudrait des coolies pour tirer à la cordelle. Ils me disent d’attendre deux jours et le vice-roi me donnera tout ce qu’il me faudra. Je n’attendrai pas une minute, ils n’ont qu’à donner des ordres dans les villages qui sont devant nous et je trouverai autant de monde que je voudrai pour