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VOYAGE AU YÛN-NÂN

Je demande ensuite quelqu’un pour m’accompagner chez Mgr Puginier, évêque français, qui a sa résidence à peu de distance d’Hâ-noï ; on me répond qu’on portera ma demande au vice-roi et qu’on me fixera ce soir, mais qu’il vaudrait peut-être mieux que Monseigneur vînt ici, puisque je tiens à le voir. On ne veut pas que je voie le pays, car on redoute les dispositions des populations, qui sont tenues dans le plus grand esclavage. Vers 8 heures du soir, l’homme à la plaque vient en rampant me prévenir qu’un officier est eu route pour aller chercher Mgr Puginier. Je lui témoigne mon mécontentement de n’avoir pas été avisé du départ du courrier, car j’avais à écrire à Monseigneur. L’homme à la plaque me répond qu’on dépêchera un second courrier pour porter ma lettre et qu’il arrivera aussi vite que le premier. Je m’empresse d’écrire à M^’ Puginier pour lui témoigner tout le plaisir que nous aurons à le voir, mes compagnons et moi, soit eu nous rendant auprès de lui, soit qu’il préfère venir à Hâ-noï pour visiter nos navires .

Cet homme à la plaque est un métis chinois au service des Annamites, qui lui ont donné une grande médaille qu’il porte toujours pendue au cou ; c’est lui qui est chargé de nous communiquer tout ce que ces derniers ont à nous dire.

Je fais faire ma demande de barques au vice-roi, par Ly-Ta-Lâo-Yé, en une lettre chinoise seulement, sur laquelle j’appose mon sceau, et j’y joins une copie de la dépêche du Yûn-nân sur ma mission.

28 décembre. — Je suis malade et garde le lit toute la journée. Les mandarins me font dire que ma lettre à Mgr Puginier est partie hier soir. Ils nous prodiguent les sourires et les paroles mielleuses, mais ils défendent au peuple de venir voir nos navires, et, afin de faire le vide autour de nous, répandent le bruit qu’on va se battre.

29 décembre. — Mgr Puginier arrive vers 4 heures du soir, M. Millot va au-devant de lui et l’amène à bord pour dîner. Je me lève pour recevoir Monseigneur, car je suis toujours aussi malade qu’hier.

Mgr Puginier est parti le 28 décembre, à 4 heures du soir, de sa résidence de Ké-so et a fait deux fortes étapes eu vingt-quatre heures en voyageant toute la nuit. Il était venu pour la première fois à Hà-noï, il y a quatre ans, mais seulement dans les faubourgs et en se cachant. Ce voyage, fait à la demande des autorités de la capitale, fait le plus grand plaisir à Monseigneur,