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ET OUVERTURE DU FLEUVE ROUGE AU COMMERCE

22 décembre. — Les navires lèvent l’ancre à 7 heures 20 du matin, pour mouiller aussitôt un pou plus loin sous prétexte qu’il n’y a pas assez d’eau. Je suis malade, je reste dans ma cabine et laisse faire. On reste ancré toute la matinée et personne ne se préoccupe de chercher le chenal. On finit par passer avec 7 à 8 pieds d’eau. A 3 heures et demie du soir, nous venons mouiller devant Hà-noï, au milieu du fleuve par 5 brasses d’eau.

23 décembre. — Hier soir, les chefs de la communauté cantonnaise sont, venus nous souhaiter la bienvenue en nous apportant quelques cadeaux et nous ont invités aujourd’hui à une réception dans leur koueï-kouang (maison commune).

Hier et avant-hier, il nous arrivait à chaque instant de petits mandarins se disant envoyés par le vice-roi d’Hà-noï et les principaux mandarins pour nous souhaiter la bienvenue ; mais ils nous engageaient à attendre un peu pour donner le temps d’organiser une réception qui fut digne. Bien entendu, je ne m’arrête pas pour écouter toutes ces plaisanteries. Depuis notre arrivée, les mêmes petits mandarins vont et viennent de la citadelle à la jonque où Ly-Ta-Lâo-Yé leur donne copie des dépêches du Yûnnàn. Ly-Ta-Lâo-Yé leur demande des jonques pour pouvoir remonter au Yûnnân, dans cette saison des basses eaux ; les petits mandarins disent qu’il faut attendre la réponse de Hué ; dès que le roi aura donné des ordres, ils se mettront à notre disposition pour tout ce dont nous aurons besoin. Grande panique dans la ville, tous les gens riches partent précipitamment. Les mandarins ordonnent de quitter Hà-noï, pour faire le vide autour de nous et nous faire croire que le peuple a peur.

Nous assistons à la réception des Cantonnais dans leur koueï-kouang, où tous les principaux notables sont réunis. On nous sert le dîner chinois de rigueur en pareil cas.

24 décembre. — Je pars avec ma chaloupe pour explorer le fleuve en amont d’Hâ -noï, dans la direction de Son-tay et reconnaître le point extrême où nous pouvons remonter avec les navires, puisqu’il n’y a pas une seule barque à Hà-noï ; les mandarins les ont fait cacher avant notre arrivée et ont coulé celles qui ne partaient pas assez vite. Si je puis remonter avec mes navires au-dessus de Sont-ay, il me sera plus facile de me procurer des barques et des gens pour les conduire, car de ce côté la surveillance des man-