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VOYAGE AU YÛN-NÂN

salve d’artillerie. Le fameux général et ses pavillons ne sont plus là pour nous arrêter. Vers 1 heure 20, nous venons mouiller devant la ville de Hong-yen, capitale de la province de ce nom. Cette ville est à 1 kilomètre environ dans l’intérieur. Nous avons fait 5 milles depuis la sortie du Gua-loc jusqu’ici. A moitié chemin, nous avons vu un arroyo assez large, qui doit aller au Gua-daï. Nous recevons à bord la visite de plusieurs mandarins de la ville ; le gouverneur ne vient pas, mais il nous envoie quelques cadeaux, un porc, des poulets et des canards. Je lui fait remettre une montre, une carabine de salon Lefaucheux à six coups et quelques petits objets. Nos visiteurs nous demandent tout ce qu’ils voient à bord, comme des enfants. Après leur départ, nous nous apercevons qu’ils ont fait main basse sur une foule de petits objets. Le gouverneur autorise un Chinois à nous fournir ce dont nous avons besoin ; ce sont les mandarins qui font toucher la note et qui en gardent le montant pour eux, ainsi que je l’apprends plus tard.

La ville de Hong-yen avait, il y a doux siècles environ, des factoreries portugaises et hollandaises. A cette époque, la ville était près de la mer.

19 décembre. — Départ de Hong-yen à 11 heures du matin. Nous marchons lentement pour chercher le chenal et à cause du courant qui est fort. Nous mouillons à 6 heures 1/2 du soir. La marée ne se manifeste ici que par un léger gonflement de 30 à 40 centimètres ; c’est le point le plus élevé qu’elle atteigne. Le fleuve possède une largeur moyenne de 1000 à 1500 mètres, mais tout son cours est parsemé de nombreux bancs de sable qui rendent, la première fois, la navigation difficile.

20 décembre. — Nous restons au mouillage pour nous mettre en quête de combustible. Celui qu’on nous a procuré à Hong-yen est tellement mouillé que nous ne pouvons l’utiliser. Je pars avec la chaloupe à la recherche du bois, j’ai mille peines à en trouver, et je ne rapporte encore que du bois vert.

21 décembre. — Nous partons à 7 heures et demie du matin pour venir mouiller -à un village du nom de Bat-truong, situé à environ 3 milles au-dessous d’Hâ-noï. Ce grand village n’est en quelque sorte qu’une grande fabrique de poterie, car tout le monde ici s’adonne à cette industrie. Le bois, qui nous a fait tant défaut, ces jours derniers, n’est pas rare à Bat-truong ; on ne voit partout que piles de bois.