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ET OUVERTURE DU FLEUVE ROUGE AU COMMERCE

en nous disant qu’il y a défense, sous les peines les plus sévères, de nous fournir quoi que ce soit.

21 novembre. — Le vide se fait de plus en plus. Nous n’apercevons presque plus de petits bateaux. Nous descendons à terre pour aller réclamer des vivres au commandant du fort de Haï-phong. La peur lui fait promettre de nous envoyer des provisions ; il nous dit qu’il n’est pour rien dans la fuite des jonques chargées de bois, ni dans la peur que le peuple a de nous. Il n’empêche pas le peuple de nous procurer ce dont nous avons besoin, au contraire, il fait tout son possible pour engager les bateliers à nous vendre des vivres. Enfin, il fera venir du bois, mais il faut du temps, car il vient de loin.

22 novembre. — Je reçois aujourd’hui une dépêche du commissaire Ly, qui me fait connaître qu’il a adressé en date du 21 novembre, un rapport à la cour de Hué au sujet de ma mission, mais il craint de s’être trop avancé en demandant quinze à dix-huit jours pour recevoir la réponse ; elle pourrait bien se faire attendre de trois à cinq mois ; il pense qu’il vaudrait mieux pour moi, aller l’attendre à Saigon.

23 novembre. — Je pars aujourd’hui pour Qiiang-yen, rendre visite au commissaire Ly et l’entretenir de sa dépêche d’hier. En arrivant, je me fais annoncer au mandarin qui commande un fort élevé en terre à l’entrée des faubourgs ; du reste nous sommes annoncés à l’avance par le sifdet du Son-tay. Bien entendu, tout le monde est en l’air pour voir un bateau qui marche tout seul. En attendant que le commissaire Ly nous reçoive, on nous conduit chez un Chinois au service de l’Annam et qui commande la flottille.

Après deux heures d’attente, une escorte vient nous prendre pour nous conduire auprès du commissaire royal, qui a mis toutes ses troupes sous les armes avec leurs plus Idéaux habits et leurs meilleures armes pour me faire croire à quelque chose d’imposant et de redoutable II y a là de 800 à 1,000 hommes, avec des costumes bariolés de rouge, vert, jaune et blanc, toutes couleurs voyantes. Les mieux équipés ont des fusils à pierre d’un vieux modèle, les autres, des fusils à mèche, des piques, ime grande variété de lances ayant la f )rrae de fourches ou de croissants avec une pique au milieu, des coutelas, etc. La garde particulière de Ly a d’immenses boucliers. Tous