Page:Annales du Musée Guimet, tome 1.djvu/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
10
RAPPORT AU MINISTRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE

INDES

En parcourant les Indes, je me suis attaché surtout à établir de nombreux centres de renseignements, soit auprès des savants européens, soit auprès des adeptes des nombreuses sectes religieuses qui couvrent ce sol fertile en croyances.

J'ai visité avec soin les temples brahmaniques, bouddhiques, parsis, mahométans et jaïna, j'ai assisté à de nombreuses cérémonies, et les notes que j'ai prises sont complétées par les excellents dessins de M. Félix Regamey, qui m'a accompagné pendant tout mon voyage.

À Ceylan, j'ai trouvé un bouddhisme fort dégénéré, entaché de wishnouïsme, et qui, à plusieurs reprises, a été obligé de faire venir de Siam et de la Birmanie les traditions perdues.

Depuis quelque temps, les bonzes se remettent à l'étude de leurs dogmes et à la pratique du sanscrit. J'ai obtenu que deux jeunes prêtres, l'un de la secte Burmah, l'autre de la secte Siamis, me rejoindraient en France pour y faire des études, professer le sanscrit et le singalais à mon école orientale de Lyon, me traduire les livres et les vieux manuscrits religieux que j'ai pu me procurer, et me donner enfin sur place tous les renseignements nécessités par l'étude de leur religion.

Dans le sud de l'Inde, j'ai trouvé des temples splendides, un culte pur et des prêtres aussi exaltés qu'ignorants de leurs propres croyances. Là les processions d'éléphants, les danses des bayadères, les réceptions religieuses avec salam et guirlandes de fleurs, toutes les pompes extérieures, ont été mises en usage pour accueillir le délégué de votre ministère ; mais les renseignements religieux ont complètement fait défaut.

Dans le nord de la Péninsule, au contraire, le culte a perdu ses antiques traditions ; les étrangers sont reçus avec indifférence, mais les brahmes, élevés dans les écoles anglaises, sont à même de fournir tous les éclaircissements possibles sur leurs propres idées et sur celles du peuple qui les entoure.