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ET OUVERTURE DU FLEUVE ROUGE AU COMMERCE

grades en grande tenue. Ils montèrent ensuite dans des palanquins portés par des soldats, et entrèrent dans la ville en grande cérémonie, escortés par trois mille hommes de troupes portant des armes et des étendards ; il y avait aussi des éléphants et des chevaux ; tout cela allait en assez bon ordre, et on arriva ainsi au palais de réception, qui était préparé avec beaucoup de soin dans la salle extérieure.

« Le vingt-deuxième jour de la septième lune était fixé pour la cérémonie de l’investiture, et le lieu était la maison où le roi reçoit ses mandarins. Le matin, six coups de canon annoncèrent que les ambassadeurs partaient de leur hôtel, et peu après neuf autres coups de canon firent savoir qu’ils étaient arrivés à la porte de la ville intérieure. Tu-Duc y était déjà rendu ; il s’avança hors de la porte pour recevoir les ambassadeurs ; dès que ceux-ci l’aperçurent, ils descendirent de leurs palanquins et tous entrèrent ensemble, le roi à la droite, les ambassadeurs à gauche ; le diplôme impérial fut déposé sur une espèce d’estrade ou d’autel, au milieu des parfums ; alors le mandarin chargé des cérémonies avertit le roi de s’avancer, et Tu-Duc vint en face de l’autel où il se prosterna cinq fois, puis il resta à genoux. Le premier ambassadeur prit le diplôme et, se levant au milieu de l’estrade, il le lut tout entier et le remit au roi, qui, le tenant élevé au-dessus de sa tête, fit une solennelle prostration ; puis le diplôme fut confié à un des princes et le roi le salua de nouveau en se prosternant cinq fois. Cela fait, Tu-Duc reconduisit les ambassadeurs jusqu’en dehors de la porte, et ils revinrent chez eux dans le même ordre qu’ils étaient partis… »

Maintenant, que l’on conteste si on veut, c’est affaire personnelle.

Je me proposais donc, afin d’éviter au Tong-kin les entraves des mandarins, de me faire conduire sur un navire de guerre français, à Hué, pour faire connaitre au gouvernement annamite les pouvoirs des autorités du Yûn-nân. Mon voyage en France, au commencement de l’année 1872, avait un double but : d’une part, je désirais obtenir du ministère de la marine qu’un navire de guerre fût mis à ma disposition pour me conduire de Saïgon à Hué, capitale de l’Annam, de l’autre, je tenais à mettre le gouvernement français au courant d’une affaire aussi considérable, et le fixer sur l’objet de ma mission, afin que, comprenant bien le but d’une telle entreprise conçue tout entière dans l’intérêt du commerce français et non pour un pays étranger, le gouverne-