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VOYAGE AU YÛN-NÂN

source dans le Yûn-nân, non loin de Tali-fou et se jette à la mer dans le golfe du Tong-kin.

Cette voie répond non seulement aux besoins du Yûn-nân, mais à ceux d’une partie du Tibet, du Se-tchuen, du Koueï-tcheou, du Kouang-si, du Laos et du Tong-kin.

L’ouverture de cette voie met en relation directe avec la civilisation européenne plus de cinquante millions d’individus, crée un nouveau et immense débouché à nos produits et établit, à proximité de Saïgon, une communication facUe et peu coûteuse avec les plus riches contrées du monde jusqu’ici entièrement fermées au commerce étranger.

On était, en France, tellement pénétré de l’importance de cette voie, qu’au commencement de l’année 1873, une exploration du fleuve, à la tête de laquelle devait se trouver M. Delaporte, avait été décidée. La colonie de Cochinchine avait offert 30,000 francs, le ministère de l’instruction publique 20,000 et la Société de géographie 6,000  ; le ministère de la marine s’était engagé à fournir le matériel et le personnel. Mais les événements qui suivirent empêchèrent cette exploration.

Je ne reviendrai pas ici sur mon voyage au Yûn-nân en 1868-1869, mes rapports avec les autorités de la province, ma visite au industries minières et mon exploration du fleuve Rouge en 1870-1871. Toutes ces notes se trouvent en partie consignées dans la communication que j’ai faite à la Société de géographie le 7 février 1877. Aujourd’hui, je tiens plus particulièrement à parler de mes efforts pour ouvrir la nouvelle route et raconter comment les Français ont pris pied au Tong-kin.

On se souvient que le 5 juin 1862, la cour de Huê avait accepté un traité, eu vertu duquel les trois provinces de Saïgon, Mitho et Bien-hoa étaient données à la France, ainsi qu’une indemnité de guerre de 4 millions de piastres, payable en dix années à dater du 5 juin 1862. Mais le gouvernement annamite ne cessant d’entretenir des troubles dans nos nouvelles possessions, l’amiral de la Grandière se trouva entraîné à s’emparer les 20, 22 et 24 juin 1867, des citadelles de Vinh-long, Chando et Hatièn, afin de pouvoir mieux exercer son autorité.

« Mes représentations, sous quelque forme que je les aie adressées, disait l’amiral à cette époque, en parlant de la cour de Huê, n’ont amené que des