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VISITES DES BOUDDHAS DANS L’ÎLE DE LANKA

de leurs chants, enivrés par le plaisir de Sadhou. Ainsi s’avançaient dans les airs les troupes de dieux et les disciples, précédés par Bouddha, comme si les rochers de Merou et de Yagoundara avaient abordé sur le rivage du grand Océan et dirigeaient leur course vers le pic de Samanala.

56. Et tandis qu’ainsi le pur maître de toutes les créatures animées, le souverain du monde, le Seigneur de la race bipède, allait montant le chemin aérien, le soleil rendait ses rayons aussi doux que la lumière de la lune, et s’arrêtait dans le firmament semblable à une ombrelle blanche étendue sur sa tête pour le préserver de la chaleur ; alors de légères gouttes de pluie commencèrent à tomber doucement comme une rosée sur un autel de fleurs élevé dans le ciel nuageux. Et on tous sens soufflaient de douces brises mélangées de parfums pour rafraîchir tout l’univers comme dans un orbe de parfums.

57. C’est ainsi que Bouddha, par ces divers miracles accomplis dans tout le firmament, accepta les magnificences des immenses offrandes des dieux ; il remplit tout l’univers de la masse épaisse de ses rayons divins de six couleurs, c’est-à-dire bleus, jaunes, écarlates, blancs, rouges et bigarrés, arriva au sommet du pic de Samantakouta et se tint debout tourné vers l’ouest, entouré de ses cinq cents disciples, comme le disque du soleil enveloppé de l’éclat des rayons du Bouddha qui sm-ait venu sur le sommet du rocher oriental et dirigea ses regards dans la direction de l’Océan occidental ; et Bouddha, à la prière du grand Soumana, le noble roi des dieux, imprima distinctement sur le sommet du pic de Samantakouta son doux pied gauche, coloré en rouge comme un œillet, avec toutes ses beautés, et ce pied a environ trois pouces de moins en longueur que deux coudées de charpentier, il est doué de cent huit signes favorables.

58. C’est ainsi qu’il exauça la prière du noble dieu Maha Soumana et de tous les êtres vivants tels que les Brahmas et les dieux, et il imprima son glorieux pied comme un sceau, indiquant que l’île de Lanka était son propre trésor rempli des trois Gemmes. Alors, pour cette fête de la noble montagne escarpée de Samanala, les rochers, les arbres, les rivières, les cascades, les étangs, les ruisseaux, la terre, la mer et le firmament, comme une armée lui rendant les honneurs, se revêtirent de draperies flottantes des différentes teintes des six rayons du Bouddha, s’oignirent de l’onguent des fleurs au par-