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VISITES DES BOUDHAS DANS L’ÎLE DE LANKA

airs et les étincelles qui se précipitaient incessamment contre chaque maison, disait : « hommes ! quel prodige de consternation est donc ceci ? C’est le jour de la destruction du monde. Nous combattons les uns contre les autres pour un royaume, et ce royaume est maintenant en cendres ! Nos femmes et nos enfants sont dans les flammes, nos richesses sont réduites en cendres, les champs et les jardins brûlent et nous-mêmes n’allons-nous pas périr dans le feu ? Et quelle guerre allons-nous faire ? » Et tremblant de la crainte de la mort, ils jetaient les armes qui chargeaient leurs mains, et ils furent saisis d’amour les uns pour les autres, et les armées firent la paix.

27. Ainsi Bouddha, comme on prend une épine pour enlever une autre épine, éteignit le feu de leur rage par son feu miraculeux, et alors il éteignit les deux feux et se montra à toutes les créatures vivantes.

28. À ce moment tous les hommes, ayant vu Bouddha, se tenaient debout, les mains jointes et élevées au-dessus de leurs têtes, et ils lui demandaient : « Seigneur, qui êtes vous ? Etes-vous le dieu du feu ? ou bien êtes-vous la divinité du soleil ? Votre face est semblable à la pleine lune ; votre corps est comme une masse d’ambroisie. Mais le feu qui est sorti de votre corps est excessivement ardent ; le feu peut-il naître de l’eau ? Seigneur, qui donc êtes-vous ?

» Et quand ils apprirent qu’il était le Bouddha, le Suprême dans l’univers, ils furent remplis de joie.

29. Alors en ce même jour, Bouddha fit trembler la grande terre et prit possession du même bois, et à la fin de son repas il fortifia les esprits des fidèles par la chaleur de sa prédication, ainsi que la chaleur fait épanouir les calices des fleurs. Et il accorda à vingt mille âmes les fruits des chemins (vers Nirvâna).

Dans la soirée, s’étant rendu au lieu du grand et glorieux arbre sacré, comme précédemment il décida dans son cœur, et par son pouvoir surnaturel il fit que la branche méridionale de l’arbre sacré Nigrodha[1] se détacha d’elle-même et fut cueillie par le roi Brahmadatta de Bénarès. Et aussitôt elle fut apportée par cinq cents prêtresses conduites par la sainte prêtresse Soudharma, et plantée par le roi Jayanta.

Alors, assis au lieu de Lowamahapaya, qu’on appelait Assoka-malaka dans

  1. Arbre sacré Bô ou Boddhi du troisième Bouddha Kasyapa.