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de l’Inde, si différent de l’ayadana achéménide ou du sanctuaire sassanide. Pendant longtemps il ne se distinguait pas des autres demeures ; maintenant il en est qui se recommandent par leurs proportions et leur architecture. Les Parsis ne s’y rendent pas d’une manière régulière ; ils vont y prier quand il leur plaît, mais il n’est pas nécessaire qu’ils s’y renferment. La nature, dans sa majesté, leur sert souvent de Temple !

Cette extrême simplicité dans les doctrines et dans les pratiques est, selon Max Müller, une des causes de l’attachement des Parsis à leur religion ; c’est elle qui les a empêchés de répondre aux appels des Chrétiens, des Musulmans et des Hindous. Nul problème compliqué, nulle difficulté théologique pour le fidèle ; une profession de foi de croire d’une manière générale aux livres de Zoroastre suffit ; on ne s’oblige pas à croire tous les faits qui y sont mentionnés. Il faut reconnaître que, pendant longtemps, cet attachement a été aveugle ; mais tout aveugle qu’il fût, il a eu l’avantage de rendre les Parsis aussi rebelles à la conversion qu’opposés au prosélytisme. Les anciens voyageurs ont toujours enregistré cette particularité qui a contribué à conserver intact le noyau de Zoroastriens sans l’accroître par de nouvelles adhésions.

Le clergé forme une classe spéciale ; malheureusement il ne s’est pas toujours recommandé par sa science et par ses lumières. Les prêtres ont été jugés trop sévèrement, — et ils le sont encore, — par les gens instruits de leur propre nation, sans qu’on ait tenu compte qu’à toutes les époques, dans une caste si nombreuse, il y a eu des gens instruits et éclairés tels que les auteurs du Shikand-Gûmânîk ou du Mînôkhard ; les traductions pehlvies, celles de Neriosengh en sanscrit, par exemple ne témoignent-elles pas que, même dans ces âges anciens, l’ignorance n’était pas si complète qu’on voulait bien le dire ? La production des œuvres de la littérature pehlvie achèvera de dissiper cette illusion entretenue par les récits des voyageurs qui n’avaient aucun moyen d’information ou de contrôle dans une matière aussi délicate.