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geurs. Ils étaient à même de le faire. C’est ce que comprit M. Dosabhai Framji Karaka. En 1858, il publia en anglais un petit volume de 286 pages qui initiait aux mœurs et aux coutumes de ses coreligionnaires et qui fut très apprécié. En 1884, il en donna une seconde édition en deux beaux volumes, où cette fois il mettait amplement à contribution les trésors de la Parsee Prakâsh.

Nous avons pensé qu’il y avait lieu de présenter au lecteur français une histoire des Parsis en nous aidant des renseignements fournis par des sources aussi sûres. Nous y étions convié par des motifs d’intérêt scientifique et de sympathie personnelle. Il ne faut pas oublier, en effet, que les Parsis de l’Inde avec leurs frères restés dans l’Iran, ne sont pas seulement les débris d’une des plus puissantes nations de l’Orient, mais qu’ils sont avant tout les dépositaires d’une des formes religieuses les plus hautes du monde antique. Ce rôle semble pour ainsi dire expliquer leur longévité, car pendant des siècles ils n’en ont pas rempli d’autre. Il y a lieu de rechercher aussi comment s’est faite l’évolution qui les a retirés de la civilisation orientale et qui les a poussés vers l’Occident, sans qu’ils renoncent pour cela à leurs croyances et à leurs traditions. D’une faculté d’assimilation merveilleuse, ils font maintenant bon marché des usages hindous, comme jadis ils avaient sacrifié leurs coutumes iraniennes aux désirs du Rana de Sanjan ; mais mazdayesnans et zoroastriens ils restent ; leur profession de foi n’a pas changé. L’avocat, l’ingénieur, le sheriff, le membre du Conseil du Vice-Roi, le député à la Chambre des Communes, chacun conserve sa croyance intacte dans la révélation de Zoroastre et son respect pour ses Saintes-Écritures. La fidélité à un culte qui ne compte plus que quelques milliers d’adeptes n’est donc pas, comme on le croit généralement, l’apanage d’une seule race et d’un seul peuple d’élection ! C’est ainsi que l’histoire des Parsis, en tant que communauté religieuse, peut prendre place dans les Annales du Musée Guimet à côté de la traduction de l’Avesta publiée par le regretté