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supériorité qui leur permettait de prendre le pas sur les autres communautés dans les grandes questions de la réforme sociale et de la politique. Ils devenaient aptes aux emplois les plus élevés, dignes enfin de siéger au Parlement (1892).

Nous avons embrassé onze siècles dans ces quelques pages. Pendant ce temps que de générations humbles et résignées se sont succédé dans l’obscurité de la vie rurale et du travail ingrat des comptoirs européens, absorbées dans une pensée unique, la conservation de leur foi. Que de piété et de vertu ne leur fallut-il pas pour se maintenir intactes au milieu des populations étrangères qui les entouraient ! Mais cette intégrité, qui nous semble tout d’abord impossible à garder, était plus facile qu’on ne le suppose à faire respecter dans un pays comme l’Inde où le régime de la caste repousse les étrangers, les isole et les oblige à se rapprocher. D’un autre côté, l’action de la justice qui, dans nos sociétés modernes, nivèle les rangs et les classes, ne gênait guère les Parsis sous un gouvernement autocrate, mais débonnaire comme celui des Nawabs de Surate. Les prêtres avaient conservé leur grand pouvoir pour toutes les questions religieuses ; quant à la répression des délits, elle était restée entre les mains des chefs constitués d’après le système hindou en Assemblée ou Panchayet. L’exclusion de la caste était leur plus redoutable châtiment ; seuls, les crimes punissables de mort étaient réservés à l’appréciation et au jugement du Nawab ; du reste les voyageurs s’accordent à dire que rarement les différends étaient portés devant les autorités locales. Justice était faite en silence et sans bruit ; encore est-il que les exécutions étaient peu nombreuses, à cause de la grande moralité des Zoroastriens. Le Panchayet disparut quand le contact avec les Européens eut affaibli son autorité et que les Parsis eurent réussi à faire sanctionner pour la succession et le mariage des lois spéciales basées sur leurs codes religieux.

Les Parsis ne sont donc pas un peuple sans histoire ; ils ne sont pas non plus un peuple sans historien. Au XIXe siècle,