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de l’épithète de Guèbres, infidèles, les émigrés de l’Inde conserveront au moins dans leur nom un souvenir de leur origine. Les Portugais les appelleront Parseos ou Perseos, les Anglais Parsees ou Parsis, les Français Parses. Tel relèvera leurs coutumes étranges pour les funérailles, cet autre leur respect pour le feu et le soin scrupuleux avec lequel ils gardent leurs traditions religieuses. Physiquement, ils se distingueront du reste des Hindous et des Musulmans par leur taille élevée, leur teint plus clair que celui des autres natifs et assez semblable à celui des Espagnols ; leurs femmes se recommanderont par leur blancheur et leur beauté.

Il y eut une heure solennelle dans l’existence des Parsis, celle où furent renouées les relations avec les frères restés en Perse. À la fin du XVe siècle, Changa Asa, riche et pieux Zoroastrien de Nausari, envoya à ses frais un laïque lettré, Nariman Hoshang, pour obtenir des membres du clergé iranien certains éclaircissements au sujet de questions religieuses importantes ; de part et d’autre il y eut joie à se retrouver. Les Guèbres de Perse aspiraient depuis des siècles « à savoir si quelques-uns des leurs existaient encore de l’autre côté de la terre ».

Sous Akbar, les Parsis commencèrent à sortir de leur obscurité ; l’un d’eux visita la cour de Delhi et devint du chef du grand empereur un riche propriétaire foncier ; mais c’est de l’arrivée des Européens que date leur marche ascensionnelle. Les Portugais, les Hollandais et les Anglais trouvèrent en eux de précieux auxiliaires. Exempts des préjugés des hautes castes, les Parsis étaient prêts à frayer avec les nouveaux venus, et nos loges n’eurent pas de meilleurs agents. À Surate, où ils étaient établis depuis le XVe siècle, ils conquirent rapidement une position exceptionnelle ; plus tard, à Bombay, leur influence devait grandir avec l’occupation anglaise et leurs destinées allaient suivre celles de la ville à la prospérité de laquelle ils contribuèrent par leur esprit commercial et industriel.

Courtiers des Européens, ils supplantèrent peu à peu près de ceux-ci les Banians adroits et serviables. D’abord agri-