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croyances ; ils se déclarèrent adorateurs d’Ahura Mazda, ne répudièrent ni le Sudra, ni le Kusti, la vraie livrée du Zoroastrien, et avouèrent leur respect pour le Feu ; mais sur le reste ils firent toutes les concessions de nature à se concilier la bienveillance du Rana : ainsi ils s’engagèrent à parler la langue du pays, les hommes à ne plus porter d’armes, les femmes à s’habiller à la mode hindoue. Ces obligations furent strictement suivies pendant des siècles ; grâce à la tolérance et au bon accueil du prince hindou, les Persans jouirent enfin d’un peu de paix et de tranquillité. Sanjan devint leur principale résidence ; ils y bâtirent le temple promis, et depuis cette date (721) les rites zoroastriens se sont accomplis sur le sol de l’Inde.

Cette émigration fut-elle la seule ? Il est vraisemblable qu’elle fut suivie de plusieurs autres. Des témoignages probants donnent à penser qu’il y eut des colonies de Persans dans certaines localités du nord de l’Inde ; mais ces colonies ont disparu, et l’on en chercherait vainement les traces. Ce fut celle de Sanjan qui résista à l’influence du milieu et qui donna naissance à ce groupe de 89 904 Zoroastriens que nous trouvons répandus dans l’Inde et qui est celui dont nous allons essayer de retracer l’histoire.

La conquête musulmane du Guzerate apporta une grande perturbation parmi les réfugiés. Ceux-ci, reconnaissants envers les princes hindous qui les avaient accueillis, combattirent pour eux, et l’un de leurs chefs périt en défendant Sanjan ; mais peu à peu ils s’accommodèrent de leurs nouveaux maîtres. Sous la domination musulmane, ils ne comptent qu’un martyr.

Mêlés aux Banians, dont ils suivaient les coutumes extérieures, ils formèrent simplement une caste nouvelle au milieu des innombrables divisions familiales de l’Inde. Les voyageurs européens les trouvèrent d’abord humbles agriculteurs établis le long de la côte du Guzerate, puis réunis en communautés florissantes à Surate et à Bombay. Tandis que leurs frères de Perse subiront toutes les rigueurs de la conquête musulmane et seront flétris par leurs vainqueurs