yoga, mais encore on se prémunit contre tout ce qui pourrait éventuellement en troubler le cours. Nous ne savons pas encore comment il faut procéder pour arriver à cette suppression des fonctions intellectuelles qui est la condition de l’isolement de l’âme, et du salut. La théorie de la procédure à suivre pour arriver à ce but est la partie la plus importante du système.
L’école a élaboré non pas une, mais deux méthodes du yoga. On peut appeler l’une la manière douce, l’autre la manière forte. Les textes donnent à la première le nom de Yoga royal, Rāja-yoga ; à la seconde, celui de Yoga de l’effort, Haṭha-yoga. Des auteurs récents recommandent de commencer par le Haṭha-yoga, pour aborder ensuite le Rāja-yoga. Cet éclectisme se concilie mal avec le fait que les ouvrages anciens ne connaissent pas la méthode violente. Évidemment, nous avons là deux concepts distincts et parallèles des moyens à employer. De ce que le Haṭha-yoga est littérairement postérieur à l’autre, il ne faudrait pas conclure que les procédés qu’il indique remontent à une date moins reculée.
L’idée qui est à la base de la méthode préconisée par le Rāja-yoga, c’est qu’il y a lieu de disposer le corps et l’esprit d’une manière qui soit favorable à la pratique du yoga. De là une série de prescriptions groupées sous huit rubriques, les aṣṭāngāni ou « huit membres », dont cinq, les moyens externes, tendent à la purification ou adaptation du corps (kāya-saṁskāra), de la respiration, des sens, — et trois, les moyens internes, à la purification de l’esprit (cittasaṁskāra).
Avant de passer en revue ces huit « auxiliaires » du yoga, il convient de faire remarquer combien les opérations proprement intellectuelles y tiennent peu de place. Ce qui rend significative leur absence à peu près complète, c’est qu’au contraire la dialectique figure encore en bon rang dans le plus ancien aperçu que nous possédions de cette méthode du yoga : « Le yoga a six membres, la discipline de la respira-