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la théosophie brahmanique

la notion du divin pouvait-elle être étrangère à un corps de pratiques qui se proposent de délivrer l’homme, momentanément ou définitivement, des limitations où sa vie présente est enfermée, pour lui donner une nature supérieure, par conséquent divine ? Il faut se faire de la méthode du salut une idée strictement intellectualiste, comme c’est le cas dans le Védanta ou dans le Sānkhya, pour pouvoir se passer des notions de piété, de dévotion, de recours en Dieu.

Si l’ascétisme hindou s’inspire d’idées qui sont bien plus anciennes que la constitution du Yoga comme système à part de philosophie orthodoxe, on en peut dire autant des procédés et des méthodes qu’il prescrit aux adeptes. Procédés et méthodes remontent par leurs origines aux temps les plus anciens ; ils ne sont souvent que l’application de croyances primitives qui, elles aussi, ont trouvé occasionnellement leur expression dans la littérature brahmanique.

Bien des peuples non-civilisés savent que pour produire ces états exceptionnels dans lesquels le sujet paraît ou bien en communication immédiate avec la divinité, ou bien doué de facultés surhumaines, — et c’est le cas surtout de l’extase et de la divination, — les jeûnes, la chasteté, la solitude sont des moyens très efficaces. Mais mieux que des procédés qui n’ont rien qui appartienne spécifiquement à une race quelconque, ce qui prouvera la continuité de l’esprit hindou jusque dans le domaine de la pratique, ce sont certaines méthodes reposant sur des idées dont nous avons déjà constaté la présence dans le brahmanisme ancien. Ce n’est pas le moment d’entrer dans le détail de ces rites. Je veux du moins rappeler d’une part que l’Inde a de tout temps attribué une grande puissance à la pensée dirigée avec intensité sur un objet, — cette idée, qui était magique à l’origine, a donné lieu à ces règles de concentration exclusive de l’esprit qui jouent un grand rôle dans le Yoga ; — d’autre part, que les Brāhmaṇa et les vieilles Upaniṣad font du prāṇa, la respiration, l’agent essentiel de la vie psychique et de la vie cosmique : la théorie du contrôle de la respiration qui