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CHAPITRE II

Le Védanta.


I. Les Sources.

Le mot vedānta qu’on rencontre déjà dans des écrits considérés comme védiques[1] signifie « fin du Véda ». Il a désigné d’abord les traités plus spéculatifs que théologiques par lesquels se terminent plusieurs de nos Brāhmaṇa, et en particulier les anciennes Upaniṣad, partie intégrante de ces traités. Des Upaniṣad, ce nom a été tout naturellement transporté aux ouvrages qui, sous la forme scolastique de sūtra, c’est-à-dire de formules indiquant, plutôt qu’énonçant les enseignements traditionnels de l’école, ont systématisé la science de Brahman et polémisé contre les systèmes rivaux.

Les Vedānta-sūtra sont le livre fondamental de toutes les sectes qui se rattachent à la grande école védantique. Les plus hardis de ses docteurs eux-mêmes se sont crus tenus de garder le contact, au moins en apparence, avec Bādarāyana, l’auteur présumé de ces sūtra. Ils l’ont commenté, et, par des tours de force d’interprétation, ont tâché de tirer le vieux maître de leur côté. Comme, d’autre part, Bādarāyana a eu des prédécesseurs, et qu’il discute souvent les opinions divergentes d’anciens chefs de l’école, il se trouve

  1. Le Taittir. Āraṇ. (= Muṇḍ. Up. 3, 2, 6) mentionne côte à côte le Vedānta et le Yoga (X, 1). « Autrefois, dit la Śvet. Up., le mystère suprême fut révélé dans le Vedānta (6, 22). — Voir Deussen, System des Vedanta, p. 3, note.