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CHAPITRE PREMIER


Les Upaniṣad.


Les Upaniṣad[1] sont des traités de philosophie religieuse dont le nombre dépasse notablement le chiffre de deux cents, et qui diffèrent beaucoup les uns des autres par la date, la forme, l’étendue, la tendance. Les plus anciennes, c’est-à-dire celles dont nous avons à nous occuper à peu près exclusivement, nous ont été transmises sous forme d’appendices aux Brāhmaṇa. Mais si les Brāhmaṇa sont avant tout des ouvrages d’exégèse théologique, composés pour les brahmanes encore astreints à la pratique des œuvres religieuses, les Upaniṣad font partie des « livres de la forêt », et sont destinées aux mêmes brahmanes, alors que, quittes de leurs devoirs domestiques et rituels, ils peuvent se livrer dans la solitude à la méditation et à la contemplation. Autant dans les Brāhmaṇa la pensée apparaît entravée encore dans un formalisme étroit, autant elle semble dans leurs annexes vagabonder libre et audacieuse.

  1. Upaniṣad est un mot formé de la racine sad « être assis », et des deux préfixes upa, ni ; le verbe upa-ni-sad, qui d’ailleurs est très rare, a le sens tout à fait général de « s’approcher ». On comprend, par conséquent, qu’il soit difficile de déterminer la valeur première du substantif. M. Deussen pense que, dans le principe, il a désigné un groupe d’élèves réunis autour de leur maître ; puis l’enseignement qui leur est donné. D’après M. Oldenberg, qui s’appuie sur le sens très fréquent que sad prend avec le préfixe upa, une upaniṣad est une « adoration » à Brahman. Peut-être originellement le mot signifiait-il « introduction », puis « initiation » au sens passif, bien entendu, c’est-à-dire par rapport à celui qui reçoit l’initiation. Ce qui est certain, c’est que, dans l’usage courant, il a pris le sens de mystère, d’enseignement secret.