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CHAPITRE PREMIER


Les antécédents védiques de la théosophie.


§ 1er. L’indétermination des dieux védiques.

Le plus ancien document religieux de l’Inde est un recueil d’hymnes où, pendant longtemps, dans le premier enthousiasme de la découverte, on a cru trouver les effusions spontanées et primitives d’un peuple de bergers. Les yeux sont aujourd’hui dessillés. Bien rares sont ceux qui, ayant pris une connaissance directe du Rigvéda, ne sont pas convaincus que nous avons dans l’immense majorité des hymnes une liturgie d’un caractère sacerdotal, artificiel, dont l’obscurité est trop souvent voulue, et qui, par l’abus qu’elle fait d’une phraséologie stéréotypée, montre assez qu’elle est issue d’un long passé. Dans l’état où nous les avons, la plupart de ces pièces paraissent faites pour le culte, et non pas même pour tous les actes divers de la vie religieuse ; elles visent avant tout les grandes cérémonies, celles où l’on versait la liqueur sacrée du Soma. C’est une poésie de caste, destinée à un culte aristocratique ; on y trouve rarement l’expression d’un vrai sentiment religieux, plus rarement encore celle de croyances populaires.

Ces hymnes ne représentent qu’un des aspects de la vie religieuse à cette époque primitive. Dès l’origine, il y a eu dans l’Inde comme deux fleuves qui coulent parallèlement,