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blement frappées qui ont concentré, comme dans un foyer intense, des idées dès longtemps jetées dans la circulation. Quant au contenu de ces formules, de ces conceptions, de ces affirmations, c’est l’évolution de la pensée hindoue qui l’a produit de la manière la plus naturelle. Si nous rencontrons aujourd’hui dans les écrits de certains théosophes contemporains des théories où se reflètent le criticisme de Kant ou l’évolutionnisme de Darwin, nous ne doutons pas un instant, qu’en dépit de leurs moyens supérieurs d’investigation, ces théosophes n’aient dû attendre l’élaboration des systèmes de Kant et de Darwin, pour les approprier à leur usage. Il en a été de même des théosophes hindous. Ils ont ramassé et isolé pour les mettre en un relief plus puissant les idées nées du travail progressif d’une pensée qui se mouvait suivant les voies ordinaires de l’esprit humain.

Notre tâche consiste précisément à retrouver, si possible, les antécédents, à reconstituer la genèse et la succession de ces conceptions qui, à première vue, semblent jaillir spontanément dans l’âme des voyants. Je ne me fais point illusion sur la difficulté de cette entreprise. D’importants anneaux manquent à la chaîne qu’il s’agit de renouer ; dans le développement de la pensée religieuse de l’Inde, on voit, à certains moments, surgir des facteurs nouveaux dont l’origine est obscure. Au moins en savons-nous assez, dès maintenant, pour n’avoir aucun doute sur le caractère logique et naturel de cette évolution. Nous commencerons par recueillir dans les plus anciennes écritures brahmaniques les germes lointains des spéculations théosophiques. De ces germes se développe peu à peu une riche végétation d’idées et de croyances ; ce sera le sujet de notre deuxième