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résulte que tous les arrangements auxquels on pourrait songer, risquent de paraître inadéquats et artificiels à quiconque tiendra à se placer à un point de vue strictement historique. Il n’est point démontré, par exemple, que parmi les Upaniṣad que nous possédons, même les plus anciennes aient précédé la venue du Bouddha. Le bouddhisme, de son côté, est postérieur à plusieurs des systèmes de la philosophie orthodoxe ; mais rien ne prouve que les textes qui représentent pour nous ces systèmes soient antérieurs aux écritures canoniques de la Triple Corbeille. Quant aux deux grandes religions sectaires, le vichnouisme et le sivaïsme, si, littérairement, elles sont sans doute plus récentes que la grande masse des écrits brahmaniques, leurs origines, en tout cas, plongent dans un passé très reculé.

À cela s’ajoute que, dans l’histoire religieuse de l’Inde, tout se tient, tout s’enlace d’une manière souvent inextricable. Les divers groupes n’y sont point simplement juxtaposés. Sans doute, dans le développement de la pensée théosophique, ils représentent des moments caractérisés par des facteurs sensiblement différents. Mais il s’en faut que tous constituent autant de blocs homogènes. Il en est qui, très archaïques par certains de leurs éléments, sont à d’autres égards débiteurs de systèmes qui, dans l’ensemble, nous apparaissent comme plus récents. Plus d’une fois on sera dans l’incertitude sur l’ordre qu’il convient d’adopter pour eux. L’hésitation s’aggrave quand il s’agit d’une religion qui, comme le bouddhisme, a eu une très longue histoire, et qui, au cours des siècles, a subi des influences très diverses. Doit-on placer les systèmes philosophiques avant ou après le bouddhisme ? Et n’y aurait-il pas de sérieux avantages à traiter des religions sectaires avant de parler du bouddhisme ? De